Que se passera t-il si...

Kyoto: Ottawa brandit la menace d'une grave récession

Gilles Toupin

La Presse

Ottawa

Si le Canada s'obstine à respecter l'échéancier de Kyoto en réduisant d'ici 2012 ses émissions de gaz à effet de serre en deçà de 6 % des émissions de 1990, il fera face à une récession économique aux conséquences catastrophiques, a averti hier le ministre de l'Environnement, John Baird.

Un scénario dramatique, aussitôt décrié par les environnementalistes et les partis d'opposition à Ottawa, et qualifié d'alarmiste par la toute nouvelle ministre de l'Environnement du Québec, Line Beauchamp.

C'est après avoir témoigné hier matin devant le comité de l'environnement du Sénat, avec en main une étude économique commandée par son ministère, que le ministre Baird a lancé devant les journalistes cet avertissement destiné, de toute évidence, à tempérer les attentes des Canadiens à propos de la capacité du gouvernement fédéral à réaliser les objectifs de Kyoto.

M. Baird doit annoncer la semaine prochaine les cibles de réduction des GES auxquelles consentira le gouvernement conservateur.


«Des années d'inaction de l'ancien gouvernement libéral, a plaidé John Baird, nous ont laissés si loin derrière qu'il est maintenant impossible d'instaurer les mesures qui permettraient de remplir nos obligations environnementales en vertu du projet C-288 sans nuire grandement à l'économie canadienne.» Le ministre faisait allusion au projet de loi privé du député libéral Pablo Rodriguez qui a été adopté aux Communes et qui est maintenant devant le Sénat. Ce projet de loi, qui recevra vraisemblablement la sanction royale, obligera le gouvernement minoritaire de M. Harper à mettre en place les mesures qui permettront d'atteindre les cibles de Kyoto au cours de la période 2008-2012.

«Le coût total du plan libéral, a dit le ministre de l'Environnement, est beaucoup trop élevé. Si nous appliquions ce plan, 275 000 Canadiens perdraient leur emploi d'ici 2009, le prix de l'électricité bondirait de 50 % après 2010, le coût du plein d'essence pour une voiture augmenterait de 60 % et le coût du chauffage au gaz naturel d'une maison doublerait.»

L'étude brandie par John Baird, et intitulée «Coût du projet de loi C-288 pour les entreprises et les familles canadiennes», affirme que le produit intérieur brut du Canada chuterait de plus de 4,2 % si Ottawa devait être contraint à se plier aux cibles de Kyoto.

Les partis de l'opposition et les groupes environnementaux ont dénoncé avec vigueur la sortie du ministre Baird, l'accusant d'avoir monté de toutes pièces une campagne de peur en présentant ce «scénario apocalyptique».

«M. Baird aura beau imaginer les arguments qu'il voudra, a déclaré Joslyn Higginson de Greenpeace, un fait demeure : si nous n'agissons pas maintenant, le coût à payer plus tard sera 20 fois plus élevé.»

David McGuinty, le porte-parole libéral en matière d'environnement, citant Nicolas Stern, l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale, a rappelé que l'inaction contre le réchauffement climatique coûtera 70 milliards de dollars par année au Canada et que ce montant pourrait croître jusqu'à 280 milliards par année. «Les conséquences économiques, si nous n'agissons pas, a ajouté M. McGuinty, équivaudront au coût des deux guerres mondiales combinées et de la grande dépression.»

Le député d'Ottawa Sud a accusé M. Baird d'avoir commandé ce rapport «à des économistes respectés» en leur demandant de s'appuyer sur de fausses données. David McGuinty conteste notamment la conclusion, dans le rapport, de l'économiste en chef de la banque Toronto-Dominion, Don Drummond, qui affirme qu'il faudra une taxe sur le carbone aussi élevé que 195 $ la tonne pour parvenir à respecter Kyoto.

De plus l'étude, reprochent les environnementalistes et l'opposition, ne tient nullement compte des bénéfices de l'économie verte, qui proviennent d'une meilleure efficacité énergétique, d'un usage moindre de l'énergie ou des emplois liés à la réduction des émissions de GES. M. Baird estime que ces bénéfices sont réels mais qu'ils ne pourront se développer au cours des huit prochains mois et des quatre années qui suivent.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est également élevé contre la position du gouvernement Harper, affirmant que l'obstination des conservateurs à rejeter les cibles de Kyoto allait porter atteinte au secteur manufacturier du Québec. M. Duceppe a notamment évoqué la taxe verte que la France veut imposer sur les produits manufacturiers importés des pays qui ne respectent pas les engagements pris à Kyoto. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a pour sa part qualifié le rapport présenté par M. Baird «d'irresponsable, de faux et d'incomplet».

Assermentée depuis à peine 24 heures, la nouvelle ministre du Développement durable et de l'Environnement du Québec, Line Beauchamp, a déjà contredit son homologue fédéral. Les impacts économiques seront plus importants si le Canada ne réduit pas ses émissions de gaz à effet de serre comme le prévoit le protocole de Kyoto, a-t-elle ainsi plaidé hier.

Le scénario présenté dans l'étude d'impact est «basé sur des prémisses et des critères qui sont parmi les plus sévères», dit-elle. «Je pense que c'est un scénario qui veut sonner une alarme. Je le qualifie d'alarmiste.»

«Nous savons qu'il y a des impacts économiques à appliquer Kyoto», a-t-elle ajouté. Mais si l'on ne respecte pas les cibles de Kyoto, les impacts sociaux, économiques et environnementaux seront à ses yeux plus importants encore.

La ministre a rappelé que l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale, Nicholas Stern, a prédit un «ralentissement économique mondial extrêmement important» si les États tardent à réduire les émissions de gaz à effet de serre comme le prévoit le protocole de Kyoto.

Avec Tommy Chouinard à Québec


http://www.cyberpresse.ca/article/20070420/CPACTUALITES/704200660/6108/CPENVIRONNEMENT

C'est horrible, ils sortent n'importe laquelle excuse pour se désister. Une manipulation flagrante des informations, et dire que dans ma ville ils sont rentrés en force ces satanés conservateurs

tres tres tres enervants

Et dire que, cette semaine, une (fausse) lettre a été envoyée aux Libéraux, de la part du Conservateur... Cette lettre faisait mention des actions que le Conservateur allait entreprendre pour aider la planète, l'écologie... sans que lui, il ne s'en soit aperçu... Devinez quoi...? Y a comme changé son discours... ...............