A la station météorologique d'Eureka, au Nunavut, dans le Grand Nord canadien, des scientifiques étudient les nuages de l'Arctique pour tenter de percer un mystère qui pourrait permettre d'en savoir plus sur le réchauffement climatique.
Etrangement, ils observent dans les nuages des gouttelettes d'eau liquide alors qu'elles devraient être glacées en raison de la proximité du pôle Nord, situé à 1.100 kilomètres. Ils cherchent à déterminer si le phénomène est une des causes ou bien une conséquence du réchauffement.
Les scientifiques ont en effet découvert que les nuages de l'Arctique abritent beaucoup d'eau liquide très froide en leur sein. Ils en ont même détecté à des températures de -30 degrés. Or, si un nuage est composé de gouttelettes d'eau liquide dans l'Arctique, au lieu de cristaux de glace, cela change la manière dont il va interagir avec la surface de la Terre et l'atmosphère pour refléter, absorber et transmettre les radiations, bref de changer nos connaissances du bilan thermique de la planète
Alors que 2005 a été, selon la NASA, l'année la plus chaude jamais recensée sur la planète, le réchauffement ne fait plus de doute parmi les scientifiques américains et canadiens à Eureka. Leur seule véritable interrogation porte sur l'ampleur du phénomène. A la station météorologique d'Eureka, un avant-poste fondé en 1947 conjointement par le Canada et les Etats-Unis, les chercheurs étudient des nuages jusqu'à dix kilomètres d'altitude à l'aide d'instruments ultra-sophistiqués.
Depuis quelques décennies on sait que des gouttelettes d'eau très froides peuvent exister dans les nuages mais on ne connaissait pas vraiment leur prévalence dans l'Arctique jusqu'à ce que l'on commence à y utiliser ces capteurs spécialisés il y a huit ans. Les nuages contenant de l'eau liquide sont plus susceptibles de réchauffer l'atmosphère de l'Arctique que ceux renfermant de la glace, car ils retiennent davantage la chaleur émise par la surface de la Terre. Les ratios glace-eau liquide dans les nuages pourraient être très importants pour contrôler les températures à la surface de l'Arctique et la manière dont elle fond.
Les températures hivernales moyennes ont augmenté de 3,9 degrés dans l'Arctique ces 50 dernières années. Le pergélisol, sol gelé en permanence pendant au moins deux ans, a commencé à fondre, mettant en danger les ours polaires et contraignant d'autres animaux à migrer vers le nord.
Source : NOAA
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