François Cardinal
La Presse
Le gouvernement Charest interdira l'accès des motoneigistes aux parcs nationaux dès l'an prochain. Il se conformera du coup à un règlement provincial datant de 2000.
La ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, a mandaté la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) pour trouver, d'ici la fin de l'année, des voies de contournement aux sentiers de ces territoires protégés.
Elle répond ainsi à la demande d'une coalition de groupes écolos qui, hier en conférence de presse, a fixé un ultimatum à Québec pour mettre fin dès l'an prochain à cet accommodement jugé non raisonnable.
Le regroupement des conseils régionaux de l'environnement (RNCREQ), Nature Québec et Aventure écotourisme Québec déplorent en effet la trop grande tolérance de cinq parcs québécois qui permettent encore aujourd'hui aux véhicules hors route de passer sur leur territoire, hiver comme été.
Au cabinet de la ministre Beauchamp, on se dit conscient du problème et on promet de fermer les sentiers de ces parcs aux motoneigistes dès l'hiver 2009-2010. On tente ainsi de répondre au souhait des environnementalistes, mais aussi au règlement sur les parcs qui stipule qu'il est «interdit à toute personne de circuler dans un parc () avec un véhicule hors route» (le règlement date de 1999, mais l'article en question n'a été adopté que l'année suivante).
La Politique québécoise sur les parcs est encore plus claire, car elle reconnaît noir sur blanc que «la motoneige et les véhicules tout-terrains occasionnent un degré élevé de pollution et de dégradation de l'environnement» ainsi qu'«une pollution sonore qui dérange autant la faune que les visiteurs». «Pour toutes ces raisons, peut-on lire, les sports motorisés sont interdits dans les parcs.»
Or, encore aujourd'hui, des kilomètres de sentiers sont ouverts aux motoneigistes dans les parcs du Mont-Tremblant (85 km), de Plaisance (6,5 km), d'Oka (2 km), du Mont-Orford (1,5 km) et des Monts-Valin (25 km).
«Les gouvernements successifs se sont traîné les pieds, estime Philippe Bourke, directeur du RNCREQ. Dans chaque région, ils ont attendu un utopique consensus régional. Or il est clair qu'une telle décision déplaira toujours à quelques-uns. Il est donc temps de siffler la fin de la récréation.»
«La SEPAQ tente d'attirer les étrangers en faisant valoir la tranquillité de ses parcs, les grands espaces, les gîtes sauvages, rappelle Christian Simard, directeur général de Nature Québec. Or la motoneige est tout simplement incompatible avec tout cela.»
Les groupes demandent par ailleurs à l'industrie de la motoneige de se faire conciliante et d'accepter rapidement des solutions de contournement pour les cinq parcs concernés, comme cela s'est vu dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.
La Fédération des clubs de motoneigistes du Québec se dit pour sa part très ouverte à l'élaboration de solutions alternatives, mais elle refuse que cela se fasse à n'importe quel prix.
«Il faut rappeler que la pratique de la motoneige engendre des retombées économiques importantes pour le Québec de l'ordre de 725 millions de dollars par année. Plus de 8500 emplois dépendent de cette industrie. Les solutions ne doivent pas nuire à ces retombées», précise Sylvie Ouellette, directrice.
Au cabinet de la ministre Beauchamp, on se dit «conscient des retombées» de l'industrie de la motoneige. On précise ainsi que les solutions trouvées dans chaque région de la province doivent absolument être négociées.
Parcs touchés / Nombre de km de sentier de VRM à l'intérieur du parc
Parc national du Mont-Orford / 1,5
Parc national d'Oka / 2,0
Parc national de Plaisance / 6,5
Parc national du Mont-Tremblant / 85
Parc national des Monts-Valin / 25
Total 120 km (sur 33 000 km au Québec.
******Je pense qu'il était vraiment temps que le gouvernement prenne cette décision.....la tranquilité dans les Parcs...enfin!!