Un certain nombre de glaciers continentaux poursuivent leur retrait quasi généralisé selon des dernières données du Service mondial de suivi des glaciers (World Glacier Monitoring Service - WGMS) publiées par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) le 16 mars 2008.
Alors que les glaciers demeurent sans aucun doute l'un des meilleurs indicateurs des variations climatiques, des données issues de plus de 30 glaciers répartis sur 9 chaînes de montagnes indiquent qu'entre les années 2004-2005 et 2005-2006, le taux moyen de fonte des glaciers a plus que doublé !
Le WGMS, basé à l'Université de Zurich en Suisse et soutenu par le PNUE surveille les glaciers depuis plus d'un siècle et centralise notamment dans son bulletin bi-annuel de suivi, les variations d'épaisseur et de taille des glaciers. Ce réseau d'observation couvre plus de 100 glaciers (sur les 160 000 connus) répartis sur 22 pays majoritairement en Asie et en Europe.
Trente glaciers de référence (en Antarctique, Asie, Europe, Amérique du Nord, Amérique latine et dans le Pacifique) qui disposent de données continues et fiables depuis 1980 ont été retenus dans cette analyse qui n'est donc pas exhaustive mais conforte la tendance générale au réchauffement dans l'hémisphère Nord.
Ainsi, le WGMS a calculé que les glaciers ont perdu en moyenne 10,5 mètres d'épaisseur en "équivalent eau" depuis 1980. Seulement 4% ont vu leur épaisseur augmenter, 96% ont, en revanche, vu leur taille diminuer. En 2006, les estimations indiquent que la réduction de l'épaisseur des glaciers de référence équivaut à 1,4 m contre 0,5 m en 2005. Au cours des deux décennies 1980 et 1990, la perte moyenne annuelle enregistrée a été de 0,3 mètres par an. Toutefois, depuis le début du nouveau millénaire, la perte atteint dorénavant 0,5 m en moyenne par an.
Outre, la fonte quasi généralisées des glaciers, ces dernières informations montrent une
accélération de la tendance : "il semble qu'il y ait une tendance à l'accélération sans qu'on puisse en voir la fin", a commenté le professeur Wilfried Haeberli, directeur du WGMS.
C'est le glacier norvégien du Breidalblikkbrea qui a été le plus affecté avec une perte d'épaisseur de plus de 3 mètres durant la seule année 2006, contre 30 cm en 2005.
Les autres pertes d'épaisseur les plus importantes ont été relevées sur le glacier autrichien du Grosser Goldbergkees (1,6 mètre en 2006, contre 30 centimètres en 2005), en France sur le glacier d'Ossoue (près de 3 mètres, contre 2,7 mètres l'année précédente), en Italie sur le glacier du Malavalle (1,4 mètre, contre 90 centimètres), sur le glacier espagnol de Maladeta (près de 2 mètres, contre 1,6 mètre), en Suède sur le Storglaciaeren (1,8 mètre, contre 8 centimètres) et sur le glacier suisse du Findelen (1,3 mètre, contre 22 centimètres).
La fonte totale des glaciers de montagne n'aurait pas de conséquences majeures sur la montée du niveau des océans puisqu'ils ne représentent que 0,24% de la cryosphère. La hausse estimée serait d'environ 24 cm, ce qui n'est toutefois pas négligeable. Cependant, "des millions, si ce ne sont pas des milliards de personnes dépendent directement ou indirectement de ces réserves naturelles d'eau pour l'eau potable, l'agriculture, l'industrie et la production d'énergie électrique durant des périodes clés de l'année", a averti Achim Steiner, sous-secrétaire général adjoint de l'ONU et directeur exécutif du PNUE.
De nombreux glaciers devraient, au rythme actuel du réchauffement de la planète, disparaître dans les prochaines décennies, bouleversant des régions entières.
Enfin, ils constituent de
précieux indicateurs pour évaluer l'ampleur des changements climatiques. En effet, depuis la fin des années 1960, la couverture neigeuse mondiale a décru d'environ 10 à 15% et les vagues de froid hivernales dans une grande moitié septentrionale de l'hémisphère nord durent deux semaines de moins qu'il y a 100 ans.
Remarque : En moyenne, un mètre d'eau correspond à 1,1 mètre de glace.
Source : notre-planète.info