Les inondations ont encore aggravé la misère des déplacés
François Egoliam, installé dans l'une des régions les plus sèches de l'Ouganda, à Ongoro (nord-est), était sûr que les pluies n'allaient pas durer. Mais les inondations ont balayé sa maison dans le camp de déplacés d'Amaseniko envahi par les eaux.
"Tout a commencé avec la foudre qui a tué trois animaux, raconte-t-il. Il a commencé à pleuvoir quotidiennement, notre récolte a été détruite et nos maisons se sont effondrées".
L'Ouganda est l'un des pays d'Afrique les plus affectés par les pluies diluviennes qui ont touché au moins 18 Etats, ces dernières semaines. les inondations l'ont laissé à la merci de maladies et de la famine.
François Egoliam s'était réfugié dans le camp de déplacés d'Amaseniko pour fuir des gangs de voleurs de bétail, dans le nord de l'Ouganda toujours marqué par deux décennies de guerre civile. Mais, au début du mois, cet homme a vu un deuxième pan de sa vie s'effondrer quand les inondations ont commencé.
"Nos affaires se sont retrouvées enterrées, dit-il, certains objets ont été détruits par les eaux".
Selon des dirigeants locaux, au moins 147 des habitations du camp ont été détruites. Les sans-abri se sont regroupés dans le groupe scolaire du camp. Quelque 500 personnes s'y sont rassemblées, avec peu de vêtements et presque rien à manger.
Les récoltes ont été détruites et la nourriture stockée dans les granges à céréales a pourri. Certains ont bien tenté de la mettre à sécher, une fois le soleil de retour, mais ils n'ont réussi qu'à ajouter une odeur putride à la puanteur déjà étouffante des excréments de vache et des latrines débordantes.
"Tout que nous avons, c'est une moisson pourrie," constate Marguerite Akol, 36 ans, mère de huit enfants, en montrant le tubercule de manioc qu'elle vient de déraciner. "Notre famille est restée sans nourriture pendant une semaine. Nous nous nourrissons de feuilles vertes pour survivre. La famine nous tue vraiment", insiste-t-elle.
Florence Asege, infirmière au centre médical public, à 5 km de là, pointe une augmentation des cas de paludisme, de diarrhées et d'infections respiratoires aiguës. "Nous avons besoin de plus de médicaments. Nous sommes seulement huit au centre, mais nous recevons maintenant jusqu'à 76 patients par jour et 60 d'entre ceux-ci souffrent du paludisme et de toux aiguë," explique-t-elle.
A Soroti (nord-est), le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a lancé vendredi un appel à une aide d'urgence de 43 millions de dollars (30,7 millions d'euros) pour 300.000 personnes sinistrées par les inondations qui frappent l'Ouganda, comme 17 autres pays africains.
Selon un bilan officiel de Kampala, les inondations ont tué 18 personnes, mais des dirigeants locaux évoquent 45 décès.
Un survol de la région révèle l'ampleur du désastre: à perte de vue, des champs et des terrains submergés, des maisons abandonnées...
"Il y a deux jours, nous avons perdu deux enfants qui se sont noyés", dit un dirigeant du camp d'Amaseniko, Robert Osujo, au moment où des représentants de l'ONU et du gouvernement visitent les lieux pour évaluer les dégâts.
"Les inondations nous ont apporté ces problèmes alors que nous nous remettions seulement des attaques de la rébellion de l'Armée de résistance du seigneur (LRA) en 2003", ajoute-t-il.
Quelque 400.000 personnes ont besoin d'aide humanitaire en Ouganda, où le gouvernement a déclaré cette semaine l'état d'urgence.
Source : AFP