Conséquence d'un automne d'une rare douceur en Europe, de nombreux oiseaux migrateurs, comme les hirondelles ou les oies cendrées, n'ont toujours pas pris début décembre leur envol vers l'Afrique, selon les observateurs en Aquitaine, une importante voie migratoire.
"Cette année, des oiseaux sont restés, plus que les autres années", selon Jérôme Beyaert, ornithologue à la réserve du Teich (Gironde).
En effet, "en raison du redoux, il y a des possibilités alimentaires", explique-t-il tout en refusant de voir "un bouleversement" dans cette modification du rythme de migration.
"Si une vague de froid s'installe, les oiseaux se déplaceront selon les fenêtres météo", ajoute-t-il, écartant l'idée de voir les oiseaux piégés par une brusque chute du mercure.
Ornithologues, chasseurs, gardes-chasse, tous s'accordent à constater cet automne une modification de comportement chez les migrateurs.
Des hirondelles, par exemple, sont encore présentes "un peu partout en France", alors qu'elles migrent normalement avant la Toussaint, selon Philippe Dubois, responsable de l'observation des changements climatiques à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) basée à Rochefort (Charente-Maritime).
Chez certaines espèces, comme les grues cendrées, qui habituellement à cette période quittent l'Allemagne ou la Champagne-Ardenne pour rejoindre les Landes de Gascogne et l'Espagne, "seule une minorité (d'individus) est en retard", selon M. Beyaert.
Quittant les zones fraîches du nord de l'Europe, qu'ils rallient au printemps pour nicher, les migrateurs parcourent à l'automne des milliers de km pour aller hiverner sous des latitudes plus hospitalières, comme le martinet, qui couvre 7.000 km pour passer l'hiver au chaud en Afrique équatoriale.
En Gironde, Henri Sabarot, responsable d'une fédération de chasseurs, évoque "une année médiocre pour les palombes, les grives, les bécasses et quasi catastrophique pour les gibiers d'eau".
On a "un mois et demi de retard", assure-t-il, comptant sur "la nouvelle lune", le 20 décembre, pour voir arriver une vague de froid sur l'Europe du Nord qui provoquerait enfin une migration massive.
Selon M. Dubois, les conséquences du froid seraient limitées: "les oies cendrées peuvent descendre (à la dernière minute)" même si "les hirondelles sont moins capables de réagir".
En tout état de cause, "s'il y a des risques, ils concernent quelques individus, pas l'espèce", rassure-t-il.
Quant à l'ornithologue du Teich, il se veut lui résolument positif: "Si les oiseaux restent (dans le nord de l'Europe), c'est qu'il y a de la nourriture". Dans ces conditions, les migrateurs, surtout ceux qui restent sur le continent européen, "accumulent des réserves de graisse supplémentaire et c'est bénéfique pour eux".
D'autant que si pour aller hiverner, "au lieu de 5.000 km, les oiseaux n'en parcourent plus que 2.000, c'est autant d'énergie économisée qu'ils pourront consacrer à leur reproduction", affirme le directeur de la LPO, Michel Métais.
Source : AFP