Une semaine après une coulée de boue qui a fait plus de 1.300 morts ou disparus dans l'est des Philippines, des corps continuaient jeudi à être ramassés sur le rivage des villages côtiers tandis que de fortes pluies ralentissaient le travail des secours.
Le torrent de boue et de cendres qui a dévalé il y a sept jours le flanc du volcan Mayon a fait 1.316 morts ou disparus, selon un bilan une nouvelle fois révisé à la hausse par la protection civile.
Plus de 1,6 million de personnes ont été touchées par la catastrophe pour des dégâts évalués à 1,266 milliard de pesos (25,47 millions de dollars). La coulée a été provoquée par les pluies diluviennes qui ont accompagné le cyclone Durian.
Dans le village de Puro, deux corps décomposés se sont échoués sur le bord de mer, à la suite de nouvelles averses, ont indiqué des habitants. Mercredi soir, des ouvriers d'une compagnie minière locale qui se sont portés volontaires pour prêter main forte aux secours, n'ont eux aussi retrouvé que des cadavres. Creusant à la pelle et à mains nues, malgré une odeur de mort insupportable, ils ont déterré quatre corps près de Legaspi, ville principale de la région de Bicol.
Pendant ce temps, des habitants hagards continuaient à creuser la boue, essayant de sauver tantôt un réfrigérateur, tantôt une télévision... Mais les averses intermittentes ralentissent leurs efforts tandis que l'électricité et l'eau potable manquent encore cruellemenent. Les services météorologiques ont annoncé une nouvelle dépression tropicale sur la région dans deux jours.
Tandis que l'aide, internationale ou nationale, a encore de la difficulté à atteindre les milliers de sinistrés, les autorités tentent d'envisager l'avenir à plus long terme. "Il semble que le mieux est l'évacuation permanente de toutes les familles vivant dans les zones à risques entourant le volcan Mayon", a déclaré le porte-parole de la présidence, Ignacio Bunye.
Des dizaines de milliers de foyers s'étaient installés sur les flancs du Mayon, attirés par des terres fertiles et l'afflux de touristes.
Mais "nous ne pouvons pas permettre que la menace d'un accident aussi tragique plane indéfiniment au-dessus des têtes de milliers de personnes qui sont de toute évidence en danger à chaque fois que surviennent des intempéries dans la région", a souliné le porte-parole.
La présidente Gloria Arroyo va prendre "des décisions franches... afin de mettre fin au cycle éternel de mort et de destruction" et est disposée à consacrer les ressources nécessaires afin de mettre en oeuvre une évacuation permanente, a-t-il assuré. Une trentaine de milliers d'habitants des villages situés sur les flancs du Mayon avaient déjà dû être évacués en août, quand le volcan encore actif avait montré des signes d'éruption. Mais on leur avait permis de rentrer chez eux en septembre.
Source : AFP