Pendant que des milliers de marcheurs célébraient hier le Jour de la Terre dans les rues de Montréal, les agents du SPVM qui surveillaient l'événement ont laissé tourner le moteur de leurs véhicules pendant plus de trois heures, ce qui a grandement déçu les participants et organisateurs.
La scène était pour le moins paradoxale. D'un côté, des marcheurs s'inquiétaient de l'avenir de la Terre, de l'autre, des policiers affectés à la circulation laissaient leur moteur tourner, relâchant de leurs véhicules plusieurs kilos de gaz à effet de serre.
La marche a duré environ trois heures et selon nos estimations, un véhicule dont le moteur tourne au ralenti durant ce temps dégage environ 12 kilos de dioxyde de carbone. Le SPVM n'a pas révélé le nombre d'autos-patrouilles dépêchées pour l'événement.
Sécurité
La police de Montréal invoque la question de sécurité pour justifier les moteurs en marche. «Un véhicule sans gyrophares n'indique pas qu'il y a du danger, dit le porte-parole Raphaël Bergeron. Ça prend donc beaucoup de jus et ça serait bien malaisé de tomber en panne.»
Pourtant, d'autres corps policiers comme la GRC ont des campagnes anti-ralenti pour inciter leurs patrouilles à éteindre les moteurs le plus souvent possible.
Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, estime que le SPVM a manqué une bonne occasion de montrer que l'environnement lui tenait à coeur.
«Ils auraient même pu avoir des voitures hybrides, ça aurait été encore plus fort symboliquement», dit-il.
Pourquoi?
L'organisateur de la marche Kyoto pour l'espoir, Daniel Breton, a lui-même demandé à des policiers présents pourquoi ils ne coupaient pas leur moteur.
«Ils m'ont dit que la batterie n'était pas assez forte, mais ils n'auraient qu'à utiliser un système de batterie portative», lance M. Breton.
Les marcheurs interrogés par Le Journal de Montréal étaient pour leur part indignés de la situation. «C'est tout à fait inadmissible, les gyropha- res n'étaient pas nécessaires en plein jour», dénonce Josée Cadieux.
«C'est la journée verte de l'année et ils n'ont pas donné l'exemple», déplore Karine Lehoux.
Les moteurs des autos-patrouilles ont tourné pendant plus de trois heures hier après-midi.
Photo Jacques Bourdon