La recrudescence des cyclones dans les Caraïbes serait cyclique
D'après certains spécialistes qui ont reconstitué l’histoire des tempêtes sur les Caraïbes depuis 270 ans , l’augmentation des ouragans violents sur l’Atlantique depuis une dizaine d’années serait ‘’normale’’.
Depuis 1995, de plus en plus de tempêtes tropicales se transforment en ouragans sur l’océan Atlantique Nord. La saison exceptionnelle de l’année 2005, marquée par les passages de Katrina ou de Rita, a relancé le débat sur les relations entre le réchauffement climatique et l’intensification des ouragans. Cependant, la tendance observée depuis une bonne décennie est peut-être plus un retour à la normale après une période d’accalmie que la traduction des changements climatiques, selon des chercheurs.
Faute de disposer de registres antérieurs à 1950 sur la fréquence des ouragans sur l’Atlantique, l’équipe de Johan Nyberg (Geological Survey, Uppsala, Suède) a foré des échantillons de coraux dans le nord des Caraïbes pour reconstituer un historique des tempêtes. Les chercheurs se sont concentrés sur deux facteurs majeurs de la formation des ouragans : les températures à la surface de l’océan et les cisaillements verticaux du vent. Ces cisaillements se produisent lorsque les vents qui soufflent à différentes altitudes n’ont pas la même force ni la même orientation. De forts cisaillements verticaux freinent ou empêchent la formation d’un ouragan.
Sachant que la densité des coraux dépend des précipitations, qui elles-mêmes sont liées à la force des cisaillements du vent, Nyberg et ses collègues ont pu reconstituer la fréquence des ouragans depuis 270 ans. Vers 1730 les ouragans violents étaient très fréquents et leur nombre a progressivement décru à partir des années 1760, expliquent les chercheurs dans la revue Nature, atteignant un niveau très bas dans les années 1970 et 1980.
Ces années auraient-elles été exceptionnellement calmes et les 15 dernières années ‘’normales’’ ? Il faudra beaucoup d’autres échantillons pour le prouver, estime James Elsner, (Florida State University, USA). Le nord des Caraïbes n’a peut-être pas toujours été le chemin favori des ouragans comme aujourd’hui, souligne le géographe, et l’étude d’un grand nombre de «paléo-stations» climatiques est nécessaire pour avoir une vision complète de ce passé climatique agité.
Source : Nature