Les écologistes rassurés par la nomination de Borloo au super ministère de l'Ecologie
Les écologistes ont accueilli avec soulagement mardi la nomination d'un "poids lourd" du gouvernement, Jean-Louis Borloo, à la tête du "super ministère" de l'Ecologie, et avec intérêt l'arrivée d'un ancien ministre de l'Environnement, Michel Barnier, à l'Agriculture et à la pêche.
"Un, nous sommes rassurés sur le périmètre et le rang du ministère de l'Ecologie: Jean-Louis Borloo est bien nommé ministre d'Etat" comme l'était Alain Juppé, soit numéro deux du gouvernement, a réagi Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace France.
"Deux, il est incontestable que Nathalie Kosciusko-Morizet (nommée mardi secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie) a de l'expertise et a été souvent en avant de son parti sur les questions d'environnement"", a-t-il poursuivi.
"Trois, on a l'espoir que Michel Barnier aura plus le souci de l'environnement au ministère de l'Agriculture et de la Pêche que Christine Lagarde; nommer quelqu'un qui a une sensibilité écologique sur un secteur aussi prédateur et pollueur, c'est un bon signal", conclut-il.
Michel Barnier, qui figurait parmi les possibles successeurs d'Alain Juppé, a été ministre de l'Environnement d'Edouard Balladur (1993-1995), avant d'acquérir une stature européenne, en tant que commissaire à Bruxelles: deux qualités appréciables pour les écologistes qui souhaitent une conversion de l'agriculture française à l'environnement.
La France est le premier utilisateur européen de pesticides, et achète pour moitié ses produits biologiques à l'étranger, faute d'avoir suffisamment soutenue la filière "bio" en France, rappellent-ils.
Le départ d'Alain Juppé d'un grand ministère "taillé sur mesure" laissait craindre un retour à un portefeuille de l'environnement "petit poucet" du gouvernement, systématiquement perdant dans les arbitrages face à l'équipement, l'énergie ou l'agriculture.
"Dans les arbitrages ministériels, l'Ecologie a toujours été ballottée. Maintenant c'est un ministre d'Etat, et Borloo, c'est un casse-couilles, il ne va pas les lâcher", a lancé Serge Orru, directeur général du WWF France.
Le curriculum vitae écologique de M. Borloo est mince mais il a tout de même "fondé Génération Ecologie" et "on est là pour l'aider", rappelle M. Orru.
Prudents, les écologistes entendent toutefois "juger sur les actes". Greenpeace, "déçu" que M. Juppé ait "perdu un arbitrage sur les OGM", espère mieux de M. Borloo. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a réclamé mardi l'abrogation du décret autorisant le nouveau réacteur EPR, option écartée par M. Juppé.
Or, M. Borloo a précisé dès son arrivée mardi qu'il s'inscrivait "dans la continuité de ce qu'a fait Alain Juppé, intégralement".
"L'important, c'est le Grenelle de l'environnement", souligne M. Orru, qui attend "un accord historique" de cette réunion programmée en octobre.
"Il n'y a pas de temps à perdre", renchérit Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement, qui fédère la plupart des associations. "Les délais sont très courts", rappelle-il, même si "le dossier est piloté largement depuis l'Elysée".
Source : AFP