L'Algérie lance l'exploitation à l'échelle industrielle de l'énergie solaire
Le soleil inonde l'Algérie la majeure partie de l'année. En raison de sa situation géographique qui fait d'elle le deuxième pays d'Afrique par la taille et dont plus des quatre cinquièmes du territoire sont désertiques, l'Algérie reçoit assez de soleil pour couvrir 60 fois les besoins de l'Europe de l'Ouest.
Consciente de cette réalité qui fait d'elle un réservoir en matière d'énergie, surtout que les ressources en pétrole et en gaz naturel ne sont pas inépuisables, l'Algérie ambitionne d'exploiter à l'échelle industrielle cette énergie renouvelable pour satisfaire ses propres besoins mais aussi, pour l'exportation.
C'est dans ce sillage que s'inscrit la construction de la première centrale hybride, utilisant le soleil et le gaz naturel pour produire 150 mégawatts, qui a commencé le mois dernier à Hassi R'mel, à 420 kilomètres au sud d'Alger. Elle utilisera 180 000 mètres carrés de miroirs paraboliques géants, soit l'équivalent de 45 stades de football, pour générer 25 mégawatts. L'ouvrage devrait être prêt en 2010, et l'objectif sera ensuite d'exporter 6 000 mégawatts d'énergie solaire en Europe d'ici à 2020. Soit un dixième de la consommation actuelle d'électricité de l'Allemagne.
Cette première centrale sera suivie de trois autres centrales hybrides générant 400 mégawatts chacune d'ici à 2015.
Le complexe produira du courant pour la consommation intérieure et abritera un centre de recherche pour étudier les moyens de réduire les coûts de l'énergie solaire.
La firme espagnole Abener, qui a remporté un appel d'offres pour construire avec NEAL ce site évalué à 425 millions de dollars (310 millions d'euros), en détiendra 66%.
Il s'agit de la première centrale à combiner turbines à gaz et à vapeur avec l'énergie solaire. Elle utilisera le gaz naturel, en complément du soleil pour maintenir la production la nuit et par temps nuageux. Ce système est considéré comme moins cher et avec une plus grande capacité de stockage pour la production à grande échelle que la technologie photovoltaïque, qui convertit directement la lumière du soleil en électricité.
Un vaste plan d'électrification solaire est prévu par l'Algérie, qui utilise déjà des panneaux solaires photovoltaïques (dont la production sera assurée par l'entreprise publique de l'industrie électronique (ENIE) dès janvier 2009), pour approvisionner en électricité 18 villages isolés du Sahara et des installations similaires devraient alimenter 16 autres localités d'ici à 2009. «Notre potentiel en énergie solaire thermique représente quatre fois la consommation énergétique mondiale», affirme Tewfik Hasni, dirigeant de New Energy Algeria (NEAL), compagnie fondée par l'Algérie en 2002 pour développer les énergies renouvelables. «Le potentiel solaire de l'Algérie est énorme car le rayonnement solaire est élevé et il y a beaucoup de terrain pour des centrales solaires», résume Eduardo Zarza Moya, expert du CIEMAT, le Centre de recherche public espagnol sur l'énergie. «Le prix du terrain est bas et il y a également de la main-d'Å"uvre.»
Les experts croient dans le solaire sur le long terme. Selon Franz Trieb, de l'Agence spatiale allemande à Stuttgart, d'ici à 2020 le coût de la collecte de l'énergie solaire pourrait être équivalent à payer le baril de pétrole seulement 15 dollars. «En 2020, nous aurons une capacité considérable de CSP installés dans le monde et cela conduira à des réductions de coûts», dit-il. Les systèmes de distribution «augmenteront un peu le coût mais pas trop». D'après le Centre aéronautique et spatial allemand (DLR), des centrales thermiques solaires installées dans le désert du Sahara pourraient générer autant d'électricité qu'il en est consommé respectivement par la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) et par l'Europe (UE-25) aujourd'hui.
A partir d'études satellites réalisées par le Centre aéronautique et spatial allemand (DLR), il a été démontré qu'en occupant moins de 0,3% de la surface entière désertique de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) par des centrales thermiques solaires, il serait possible de produire assez d'électricité pour satisfaire les demandes actuelles en énergie de l'Europe des 25 et de la région MENA, tout en répondant aussi à l'augmentation de la demande dans le futur. Par ailleurs, ces centrales thermiques pourraient permettre aussi de réduire les pénuries en eau potable dans les régions du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Selon l'Agence internationale de l'énergie, les énergies renouvelables, à l'exception de l'hydroélectricité, représentent seulement 2% de l'électricité mondiale. Mais, si les énergies fossiles devraient rester dominantes au moins jusqu'en 2030, les investissements dans les renouvelables sont passées de 80 milliards de dollars (58 mds d'euros) en 2005 à 100 milliards (73 mds d'euros) en 2006 dans le monde, selon le Programme des Nations unies pour l'environnement.
Source : All Africa.com