Depuis la fin de l'été, la faiblesse des précipitations en Algérie a conduit à des mesures de restrictions de la consommation en eau, faisant planer des menaces sur les rendements agricoles.
Les relevés de l'Office national de météorolgie (ONM) indiquent un déficit de pluie "flagrant" et "aucune région n'est épargnée".
Dans la région d'Alger, où vivent plus de 4 millions d'habitants, il faut remonter à 1981 pour retrouver un automne aussi sec, selon cet organisme.
Entre le 1er septembre et le 20 novembre, le centre du pays a enregistré des précipitations largement inférieures à la moyenne. Il y est tombé un maigre 63 mm de pluie durant cette période contre 125 mm habituellement, selon l'ONM.
L'Ouest est la région la plus affectée du pays avec seulement 29 mm de pluie au cours de la même période contre 71 mm habituellement.
L'Algérie a déjà vécu des situations de pénuries similaires, mais celles-ci restent "exceptionnelles", selon l'ONM.
La persistance du déficit pluviométrique a conduit le ministère algérien des Ressources en eau à décider d'une restriction de la consommation en eau pour les ménages et l'agriculture.
"Nous appliquons depuis dix jours un programme de restriction" en eau, a annoncé la semaine dernière le responsable de ce département ministériel Abdelamalek Sellal.
Il a précisé qu'il s'agissait de mesures "préventives" pour passer le cap des mois secs, de mai à novembre, après la diminution des réserves des principaux barrages, notamment ceux alimentant l'ouest du pays.
Fin octobre, M. Sellal avait assuré que les réserves en eau accumulées dans les barrages et les nappes phréatiques étaient suffisantes pour faire face à une éventuelle sécheresse.
Le taux de remplissage des 57 barrages du pays a atteint à la fin octobre 41,51% de leur capacité, contre 32% à la même période de 2005, a-t-il dit. La capacité totale des ces barrages est de 5,7 milliards de M3.
Pour conjurer le spectre de la sécheresse, les imams d'Algérie avaient effectué en vain le 10 novembre une prière de l'istisqaa (rogation pour la pluie) dans toutes les mosquées du pays, à l'appel du ministère des Affaires religieuses.
Malgré le retard des précipitations, la "saison agricole n'est pas compromise", a rassuré le ministre de l'Agriculture Saïd Barkat.
Il a indiqué jeudi à l'Assemblée nationale que l'absence de pluie "n'affectera pas la récolte agricole de la saison prochaine" et précisé que les "ressources hydriques actuelles sont suffisantes".
Mais, selon la presse, les rendements agricoles seraient déjà compromis par ce manque d'eau dans certaines régions du pays, notamment la riche plaine agricole de la Mitidja (sud d'Alger).
La production d'huile dans la région de Béjaïa (260 km à l'est d'Alger) devrait tomber en 2006 à son niveau le plus bas depuis 2004, avec moins de 10 quintaux/ha contre 11,5 Q/ha en 2005 et 29 Q/ha en 2004, selon le quotidien El Watan.
L'Algérie prévoit la construction d'ici 2009 de douze barrages supplémentaires pour mobiliser au total 7 milliards de m3, contre 5,7 milliards de m3 actuellement. 69 autres barrages d'une capacité de 7 milliards de M3 sont prévus à partir de 2009, selon M. Sellal.
Par ailleurs, d'ici 2009, quatorze grandes stations de dessalement d'eau de mer d'une capacité de 1,2 million de m3 par jour devraient être construites, pour l'alimentation des zones urbaines en eau potable.
Source : AFP