En butte à une invasion automnale d'étourneaux, la ville de Perpignan utilise depuis lundi des rapaces et leurs serres redoutables pour épouvanter les oiseaux qui recouvrent de fientes rues et trottoirs du centre ville.
Selon la direction de l'environnement de la municipalité, la concentration d'étourneaux est estimée à un million. Ces oiseaux prennent Perpignan comme "ville-étape" avant de passer les Pyrénées dans leur migration vers la douceur climatique du Sud.
Les étourneaux sont désormais peu sensibles aux traditionnels tirs de fusées d'effarouchement qui ne les éloignent que pour une courte durée. Bien vite ils reviennent à leur platane favori, non sans avoir, au passage, bombardé la ville de leurs déjections.
Les migrateurs, venus de la vallée du Rhône, s'installent dans les plaines du Languedoc et du Roussillon où ils se gavent de raisins non récoltés. La nuit, à la recherche de chaleur et de protection, ils élisent domicile dans les grands arbres du centre de Perpignan.
Les déjections constellent trottoirs et voitures. A l'heure de la nichée, les habitants recourent à tous les moyens (capuches, journaux posés sur la tête, abri des portes cochères) pour échapper à la pluie de fientes.
Séduits par une expérience menée avec succès à Orléans depuis cinq ans, les édiles perpignanais ont fait appel à trois fauconniers et à leurs buses de Harris, un petit aigle américain opportuniste à queue blanche, dont la docilité "a révolutionné la fauconnerie", selon ses "entraîneurs".
Les serres aux griffes imposantes sont fatales à l'étourneau qui, dans son agonie, crie son désarroi à ses congénères. Le phénomène est spectaculaire, la nuée de passereaux se concentre en boule au dessus de la victime, avant de s'éloigner pour échapper au danger.
Venus de Beaucaire, d'Arles et de Sologne, les trois fauconniers et leurs rapaces sont confiants. "Le premier jour les étourneaux prennent conscience du danger, le deuxième ils l'intégrent, avant d'aller nicher ailleurs les jours suivants, associant de plus les tirs de fusées aux attaques des rapaces".
La stratégie mise en place est de repousser les nuées piaillantes vers un parc, autour du Palais des congrès de la ville, pour concentrer la nuisance en un lieu moins passant et d'entretien plus aisé.
Le "budget étourneaux" de Perpignan enfle chaque année, de 85.000 euros l'an dernier, il est passé à plus de 100.000 euros, en comptant actions d'effarouchement et nettoyages nocturnes ou matinaux des principaux sites sensibles du centre ville (écoles, bâtiments publics...).
L'équipe de fauconniers et leurs sept rapaces, qui travailleront cinq jours, revient quant à elle à 6.500 euros.
Autrefois l'étourneau, chassé à la glu dans les vignes, était, en brochette, un mets automnal prisé ("il faut couper la langue amère", disent les anciens, "avant de les éplucher"). Certains les gavaient à la mie de pain trempée dans le muscat.
Source : AFP