Les orques migrent de plus en plus vers les eaux de l'Arctique canadien réchauffées par la fonte des glaces, au grand dam des pêcheurs inuits qui voient leurs proies habituelles traquées par ces nouveaux visiteurs, estiment des chercheurs canadiens.
"Nous avons trouvé une corrélation directe entre la diminution du couvert glacier et l'augmentation des observations d'orques. Nous pensons donc qu'elles se dirigent vers le nord parce qu'il y a moins de glace", a expliqué samedi à l'AFP, Steven Ferguson, chercheur à la division "Arctique" du ministère canadien des Pêches.
Son équipe a recueilli l'an dernier les observations d'orques --un mammifère marin carnivore--, auprès de scientifiques, d'opérateurs touristiques et surtout des pêcheurs inuits qui sillonnent la baie d'Hudson, une mer intérieure du nord canadien dépassant à elle seule la surperficie de la France.
Dans les années 80, les experts recensaient en période estivale de cinq à dix observations d'orques par année dans ces eaux, un nombre qui a dépassé la trentaine l'an dernier, affirment les chercheurs canadiens.
Au cours de la même période, le couvert glacier dans le grand nord a rétréci et d'ici 2040 la glace qui recouvre l'océan arctique pourrait complètement disparaître durant l'été, selon une étude récente de chercheurs canadiens et américains publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
L'équipe de M. Ferguson n'est pas parvenue à identifier la localisation d'origine des cétacés avant leur grande migration dans la baie d'Hudson, mais juge probable qu'ils proviennent du nord de l'océan atlantique, près de l'Islande ou de l'île de Terre-Neuve.
Les chercheurs s'interrogent aussi sur l'alimentation de ces prédateurs des mers nommés "killer whales" (baleines meurtrières) en anglais.
"Nous ne savons pas avec certitude ce que les orques mangent. Certaines d'entre elles se nourrissent de poissons, mais nous pensons qu'il n'y en a pas suffisamment pour eux dans l'Arctique. Nous postulons donc qu'elles mangent des bélugas, des licornes de mer et des phoques", dit M. Ferguson.
La migration importante de ces visiteurs irrite les pêcheurs inuits du grand nord, a-t-il constaté au cours des entretiens réalisés lors de cette recherche menée avec l'université du Manitoba.
"C'est un véritable enjeu pour les pêcheurs. Ils se considèremt en compétition avec ces cétacés parce que les espèces qu'ils chassent et mangent peuvent aussi être la proie des orques", dit-il.
Source : AFP