Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a achevé les négociations sur son 4e rapport scientifique. Le "résumé à l'intention des décideurs", synthèse consensuelle en une quinzaine de pages des quelque mille que compte le rapport, a été négocié mot à mot depuis lundi entre 500 délégués mandatés par les gouvernements de 130 pays. Il s'agissait d'extraire de cette somme scientifique les éléments les plus saillants et les plus explicites de six ans de recherches sur le réchauffement de la planète. Plus de cent pages de commentaires ont été examinées et les termes du résumé adoptés par consensus, sur l'augmentation des températures et leurs impacts.
Le texte final du rapport juge, avec une probabilité de plus de 90%, que l'essentiel du réchauffement climatique de ces cinquante dernières années est imputable à des activités humaines et en particulier à l'utilisation de combustibles fossiles. Le précédent rapport du GIEC, en 2001, établissait un lien entre les activités humaines et le réchauffement avec une probabilité d'au moins 66%.
"La plupart des augmentations observées des températures moyennes depuis le milieu du XXe siècle sont très probablement dues à l'augmentation observée des concentrations de gaz à effet de serre anthropogéniques (d'origine humaine)", dit le texte .
Le niveau des mers pourrait s'élever de 18 à 59 cm d'ici 2100, une estimation qui ne prend pas en compte une éventuelle fonte accélérée de la glace au Groënland et dans l'Antarctique, prévient vendredi le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC). Son rapport sur l'évolution du réchauffement climatique comporte donc une fourchette plus étroite, dans ses projections sur l'élévation du niveau des mers, que la version 2001 du document, qui prévoyait une hausse de 9 à 88 cm. Le GIEC, qui va rendre son rapport public vendredi à 08h30 GMT, invoque une meilleure compréhension des mécanismes d'expansion de l'eau sous l'effet du réchauffement. Il souligne aussi qu'on "ne peut exclure des valeurs plus élevées" du fait de la connaissance imparfaite du processus de fonte des plaques de glace dans l'Antarctique et au Groënland.
Un résumé de vingt pages destiné aux preneurs de décisions évoque les risques de voir les glaciers de l'Arctique disparaître en été d'ici 2100 et les courants du Gulf Stream ralentir.
Le rapport prédit aussi une augmentation probable des températures de 1,8 à 4 degrés au XXIe siècle, avec une fourchette plus large oscillant entre 1,1 et 6,4 degrés. Les températures ont augmenté de 0,7 degré au XXe siècle et, depuis que l'on a commencé à établir des statistiques, en 1850, les dix années les plus chaudes ont été postérieures à 1994. Le dernier rapport du GIEC fournit donc des preuves plus concluantes à ce jour de ce que les activités humaines causent de dangereux changements climatiques
Le rapport publié aujourd'hui par le Groupe 1 du GIEC, qui recense les "bases scientifiques physiques" sur le phénomène climatique. D'autres groupes de travail publieront cette année leur rapport. Le groupe 2 diffusera en avril à Bruxelles ses conclusions sur les conséquences probables du changement climatique.
D'après le quotidien australien The Age, les projections de ce texte, intitulé "Impacts, adaptation et vulnérabilité", indiquent que 200 à 700 millions de Terriens pourraient souffrir de pénuries alimentaires d'ici 2080 du fait du changement climatique. Les pénuries d'eau pourraient frapper elles entre 1,1 et 3,2 milliards d'êtres humains.
Suivront le rapport du groupe 3 sur les options envisageables, attendu en mai prochain à Bangkok, puis un rapport de synthèse qui sera publié en novembre en Espagne. Des diplomates de l'Onu espèrent que le rapport du GIEC permettra de relancer les discussions actuellement gelées sur l'extension de la lutte contre le réchauffement climatique.
Trente-cinq nations industrielles se sont engagées à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, durant la période 2008-2012, de 5% par rapport aux niveaux de rejet de 1990 dans le cadre du Protocole de Kyoto. Ces pays souhaitent à présent que des pays extérieurs au protocole (Etats-Unis, Chine, Inde) en fassent plus.
La semaine dernière, le président américain George Bush a reconnu dans son discours sur l'état de l'Union que le changement climatique constituait un "défi sérieux". Mais il s'est abstenu d'imposer une limitation aux rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Il s'était retiré en 2001 du Protocole de Kyoto en dénonçant les limitations d'émissions, présentées comme des carcans économiques, et en déplorant que les pays en développement en soient dispensés.
Source : Reuters, AFP, ONU