La décharge à ciel ouvert d'Entressen (Bouches-du-Rhône), tristement célèbre pour les sacs plastique qui s'en échappent au moindre souffle de mistral, s'est offert un toilettage avec la mise en service d'un des plus gros centres de mise en balles d'ordures ménagères d'Europe.
Cet équipement ultra-moderne, qui est dans sa phase d'expérimentation depuis deux mois, avant sa mise en exploitation au début de l'année prochaine, devrait contribuer à changer l'image de cette décharge qui a encore deux ans d'activité devant elle.
"L'intérêt le plus visible va être d'éviter les envols de plastiques et de papiers", a souligné Bruno Coudret, directeur du traitement des déchets de la communauté urbaine de Marseille Provence Métropole (MPM), samedi devant la presse.
Désormais à Entressen, les déchets ne seront plus entreposés en vrac mais compactés sous forme de balles de un mètre cube avant d'être mis au rebus dans un immense "casier" étanche, sorte de grand réservoir niché entre deux collines de compost de déchets. Celui-ci, d'une superficie de dix hectares, va se combler peu à peu, à raison de 750 balles par jour recouvertes, au fur et à mesure de l'avancement de l'exploitation, d'un mélange terreux, fait de compost de déchets et de boues de stations d'épuration.
Le "casier" en cours d'exploitation a déjà été truffé de 101 puits qui plongent à 30 m sous la surface pour récupérer les gaz issus de la fermentation des déchets et sont raccordés à des canalisations reliés à des torchères. 73 autres puits seront forés d'ici 2009 pour assurer un dégazage complet et un appel d'offres sera lancé début 2007 pour l'exploitation et la transformation du biogaz en énergie.
Selon Robert Assante, adjoint au maire de Marseille délégué à l'environnement, l'énergie dégagée par la décharge pourrait assurer pendant quinze ans l'alimentation en électricité de la ville de Saint-Martin-de-Crau, sur laquelle la décharge est implantée.
Mais ces aménagements, d'un montant de 16 millions d'euros, visent surtout à préparer la fermeture du site, sans cesse différée malgré les injonctions de Bruxelles, en raison de la farouche bagarre juridique que se livrent les partisans et les opposants d'un projet d'incinérateur à Fos-sur-Mer qui doit le remplacer.
L'Etat vient d'autoriser la décharge à fonctionner deux années de plus jusqu'à la fin de 2008, dans l'attente de la construction de cet incinérateur.
Le début de tri sélectif à Marseille a permis de diminuer le volume de déchets reçus à Entressen qui n'était plus en 2005 "que" de 440.000 tonnes contre 520.000 en 2000.
La décharge, 6e de France en volume de stockage selon MPM, reçoit encore 45 wagons ferroviaires par jour en provenance de la communauté urbaine, soit l'équivalent de 135 conteneurs, qui aboutissent dorénavant dans les presses du centre de mise en balles.
La réhabilitation en cours porte également sur la couverture du site par un mètre de mélange terreux qui à la longue sera recouvert de végétation et favorisera le ruissellement des eaux. 45 des 80 hectares de la décharge ont été recouverts définitivement. MPM espère accessoirement "réduire des deux tiers" la population des quelque 40.000 goélands qui pullulent sur le site.
La fin de la couverture totale du site est prévue en 2009, un an après la fin de son exploitation, la décharge restera ensuite sous surveillance pendant au moins trente ans.
Source : AFP