Les îles Galapagos nécessitent des soins intensifs à cause des nuisances humaines
Les îles équatoriennes des Galapagos, classées au Patrimoine de l'humanité par l'Unesco en 1978 et déclarées mardi en "risque écologique" par le président Correa, sont menacées par le tourisme, la surpopulation et l'introduction d'espèces non autochtones, selon les experts.
Le gouvernement de Quito a émis il y a deux jours un décret restreignant le tourisme, les vols aériens et les permis de résidence dans cet archipel, à la flore et faune uniques au monde, situé à 1.000 km des côtes équatoriennes.
La situation est si grave qu'une délégation de l'Unesco et de l'Union mondiale pour la nature (UICN) en mission actuellement dans le Parc naturel des Galapagos (PNG) envisage d'inscrire les îles sur la liste rouge du patrimoine mondial "en péril".
"Pour le moment, nous n'avons pas encore tiré nos conclusions mais ce n'est un secret pour personne que nous sommes préoccupés pour les îles. Cela fait plusieurs années que l'on parle du problème et que des actions sont menées mais il reste des points critiques", a indiqué Robert Hosstede, directeur par interim de l'UICN.
Les conclusions de la mission seront examinées du 23 juin au 2 juillet par le Comité intergouvernemental du patrimoine mondial en Nouvelle-Zélande.
Selon la Fondation Charles Darwin, du nom du scientifique anglais qui y élabora sa théorie sur l'évolution, la situation s'est aggravée ces 15 dernières années avec l'introduction d'insectes nuisibles dans des plantes, espèces animales et bateaux arrivant de l'extérieur.
"Les études montrent que 60% des 1.880 plantes locales sont menacées. Nous avons détecté 490 espèces d'insectes introduits et 53 espèces de vertébrés nouveaux dont 55 particulièrement invasifs", a souligné Graham Watkins, directeur de la Fondation.
Les 8.000 km2 de zones terrestres et 45.000 km2 d'eau entourant les Galapagos sont peuplés de requins, de tortues géantes qui ont donné le nom aux îles, de pinsons étudiés par Darwin, de fous à pattes bleues, d'iguanes marins et terrestres, de cormorans aptères, otaries et de variétés rares d'arbres et d'insectes.
"On sait qu'il y a une baisse de la population de requins à cause de la chasse qui affecte aussi les concombres de mer", a indiqué M. Watkins.
La situation est grave mais pas irréversible, ont estimé plusieurs spécialistes, en recommandant des mesures urgentes pour assurer la conservation de l'archipel.
"La chose immédiate est de renforcer la barrière écologique en limitant les points d'entrée: un seul héliport, un port et (l'imposition d'une) déclaration de quarantaine", a précisé le directeur de la Fondation.
Le décret présidentiel équatorien prévoit la suspension temporaire des nouveaux permis touristiques et liaisons aériennes alors que l'archipel est visité par plus de 100.000 touristes chaque année. Les permis de séjour vont cesser d'être délivrés et les personnes en situation irrégulière (20% des 30.000 habitants, selon l'Unesco) seront renvoyées.
La fragilité de l'archipel fait que des espèces domestiques comme les ânes, les chiens, les chèvres et les chats introduits par l'homme deviennent létales pour l'écosystème.
"On en est là par la faute de l'homme qui en introduisant ces espèces s'est transformé en principal prédateur des Galapagos", a indiqué Carlos Valle, biologiste et co-directeur du Parc.
Depuis trois ans, le Parc national des Galapagos (PNG), avec l'appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), mène des campagnes aériennes et terrestres de chasse des boucs dont les habitudes alimentaires menacent la survie des tortues souvent plus que centenaires de l'archipel.
Sur la péninsule d'Isabela, 80.000 chèvres et boucs ont été sacrifiés entre 2004 et 2006 pour un coût de 3,2 millions de dollars, selon le PNG.
Source : AFP