Un peu long le texte, mais super interessant, je savais pas que la fabrication de la neige artificielle comportait certains risques et un si long procédé!!
****************************************************
Le mardi 08 janvier 2008
Pas blanche comme neige, la neige artificielle!
Fabriquer le plus de neige possible en un minimum de temps. Voilà le défi que se lancent la majorité des 80 stations de ski québécoises pour s'adapter aux changements climatiques. Mais pour y arriver, il faut plus de canons à neige, plus de tuyaux, plus d'eau et plus d'électricité.
Selon Alexis Boyer-Lafontaine, de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ), les stations devront investir entre 80 et 100 millions de dollars dans les technologies d'enneigement durant les cinq prochaines années. Reste à savoir quel sera l'impact environnemental d'une telle avalanche de neige fabriquée...
Produire de la neige exige beaucoup d'eau et beaucoup d'énergie. Comme le remarque Charles Lavoie, président de Turbocristal, le seul fabricant canadien de canons à neige, nous sommes face à un paradoxe.
«Par notre mode de vie, nous produisons des gaz à effet de serre qui causent des changements climatiques. Ces derniers nuisent à l'enneigement et nous remédions au problème en fabriquant de la neige. Cela nécessite de l'énergie et cause davantage de gaz à effet de serre!»
Pour minimiser l'impact environnemental de la fabrication de neige, il suggère donc que les stations de ski s'équipent de manière à pouvoir produire le maximum de neige lorsqu'il fait froid, c'est-à-dire lorsque cela nécessite le moins d'énergie.
Mais il n'y a pas que l'énergie qui pose problème. La demande en eau inquiète aussi. La station du mont Tremblant, par exemple, possède 1037 canons à neige et peut pomper jusqu'à 35 000 litres d'eau à la minute, ce qui équivaut à tirer la chasse d'eau environ 2500 fois à la minute!
Évidemment, toute cette eau doit provenir de quelque part. Elle est donc puisée dans les cours d'eau et les lacs situés près des stations. Et comme les niveaux d'eau sont souvent déjà très bas en hiver, il faut souvent créer des réserves d'eau, comme des lacs artificiels. Les débits réservés pour les stations de ski doivent toutefois être autorisés par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP). Ce dernier procède également à une évaluation sommaire de l'impact du prélèvement d'eau sur la faune aquatique.
Des conséquences pour l'environnement
Une fois sur les pentes, toute cette eau transformée en neige a également des conséquences sur la nature. Mais cette fois, il est plus difficile de trouver des données.
Normand Boulianne, du MDDEP, avoue que le Ministère n'étudie pas la question. Par contre, le cas du mont Orford, dans les Cantons-de-l'Est, a suscité des interrogations.
À la direction régionale du Ministère, le biologiste Richard Cooke a supervisé, de 2004 à 2006, une étudiante de l'Université de Sherbrooke pour un projet de maîtrise en environnement, portant sur l'impact de l'enneigement artificiel sur l'écosystème du massif du mont Orford.
L'étude a permis de mettre en évidence une érosion sévère des sols, une modification des cours d'eau qui reçoivent l'eau de la fonte, un taux de mortalité élevé des arbres et une atteinte à la faune aquatique des réserves d'eau.
La chercheuse Anne-Sophie Demers recommande que les stations de ski limitent leur production de neige artificielle, en se concentrant sur deux périodes critiques: le début de la saison, moment où il est nécessaire d'assurer une couche de fond, et lors des périodes de redoux, afin de réparer la surface skiable.
Alors, toujours blanche, la neige artificielle? Il faudrait aussi ajouter aux risques à évaluer celui des additifs ajoutés à l'eau afin de faciliter la formation des flocons.
Le Snomax est le produit le plus populaire. Il s'agit d'un concentré de protéines produites par la bactérie Pseudomonas syringae. La protéine agit directement sur les molécules d'eau, les orientant de façon à accélérer le processus de cristallisation. Il est principalement utilisé lorsque la température extérieure est trop élevée.
Le produit permet d'augmenter de 1 à 2°C la température à partir de laquelle il est possible de fabriquer de la neige. Ainsi, il est possible de produire de la neige plus tôt en saison, ce qui permet de garantir l'ouverture des stations pour la période des Fêtes, par exemple.
Les études actuelles sur l'impact écologique du Snomax sont trop peu nombreuses et ne concluent pas à des effets importants sur l'environnement. Le produit est malgré tout interdit en Allemagne et à quelques autres endroits dans le monde. Au Québec, il est encore largement utilisé.