Le coût du réchauffement climatique pourrait atteindre 5,5 trillions d'€
Une étude d'un ancien responsable de la Banque mondiale affirme que le réchauffement climatique pourrait coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5,5 trillions d'euros (7 trillions de dollars) si les gouvernements ne prennent pas de mesures radicales au cours des 10 prochaines années.
Ainsi, ne rien faire pour lutter contre le changement climatique risque d'entraîner une crise économique de l'ampleur de celle de 1930, affirme un rapport britannique sur le coût du changement climatique. Le rapport de Nicholas Stern, économiste du gouvernement britannique, affirme que les bénéfices de mesures prises dans le monde entier pour lutter contre le changement climatique dépasseront nettement les coûts. Le rapport de 700 pages, sera rendu public aujourd'hui, indique que quoi que nous fassions maintenant, il est déjà presque impossible de maintenir les gaz à effet de serre à un niveau qui, selon les scientifiques, permettrait d'éviter les pires conséquences du changement climatique. Il affirme que, contrairement à ce qu'a fait valoir le président américain George Bush, qui s'est retiré du Protocole de Kyoto, en partie parce que cela coûterait selon lui des emplois, le monde n'a pas à choisir entre la lutte contre le changement climatique et la croissance économique. "Les données relevées par l'étude mènent à une conclusion simple: les bénéfices d'une action forte et rapide dépassent considérablement les coûts", dit le rapport préparé pour le Premier ministre Tony Blair et le ministre des Finances Gordon Brown.
Invité hier de Sky News, le ministre britannique de l'Environnement, David Milliband, a insisté sur l'importance d'une "réponse globale et non nationale" au problème. "Il est vital que les principaux émetteurs (de gaz à effet de serre) comme les Etats-Unis et les économies croissantes comme la Chine ou l'Inde participent aussi à la solution", a-t-il ajouté.
L'Onu doit ouvrir le 6 novembre à Nairobi des discussions sur le climat qui ont pour but de trouver une suite au Protocole de Kyoto, qui expire en 2012. Blair plaide pour un accord post-Kyoto qui inclurait les Etats-Unis - premier émetteur mondial de gaz à effet de serre - ainsi que les principaux pays en développement tels que la Chine et l'Inde. Kyoto engage 35 pays riches à réduire d'ici 2008-2012 leurs émissions de gaz à effet de serre de cinq pour cent par rapport aux niveaux de 1990. Mais beaucoup de signataires du Protocole sont loin de cet objectif.
Selon Stern, si la tendance actuelle se maintient, les températures moyennes augmenteront de deux à trois degrés centigrades au cours des cinquante prochaines années. Si les émissions continuent d'augmenter, la Terre pourrait se réchauffer de plusieurs degrés supplémentaires avec de graves conséquences qui frapperaient avant tout les pays pauvres. La fonte des glaciers accroîtrait dans un premier temps les risques d'inondations littorales et réduirait ensuite les quantités d'eau disponibles, menaçant le sixième de la population mondiale, principalement dans le sous-continent indien, une partie de la Chine et les Andes. La diminution des récoltes, en particulier en Afrique, pourrait mettre des centaines de millions de personnes dans l'incapacité de produire ou d'acheter des vivres en quantité suffisante. L'élévation du niveau de la mer risquerait d'entraîner des inondations frappant chaque année des dizaines voire des centaines de millions de personnes supplémentaires.
Le rapport estime que la stabilisation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère coûtera d'ici 2050 un pour cent environ du PIB mondial. Mais si rien n'est fait, cela réduira la consommation par personne de cinq à vingt pour cent. Nicholas Stern prône une approche internationale coordonnée pour combattre le changement climatique et souligne que les efforts doivent être répartis équitablement entre riches et pauvres. Il suggère que les pays riches se chargent d'ici 2050 de réduire les émissions de 60 à 80% par rapport à 1990. Lutter contre le réchauffement global apporterait de nouvelles opportunités à l'industrie, estime Stern, qui évalue à au moins 500 milliards de dollars par an d'ici 2050 le marché des produits à faible dégagement de CO?. Il prône le doublement dans le monde des dépenses publiques consacrées à la recherche et au développement de ce type de produit et une forte augmentation des incitations à leur utilisation. Selon Stern il faudra faire payer la pollution par le biais de taxes ou d'une règlementation.
Source: Banque mondiale