Chili: haro sur les castors et les visons pour stopper leur proliférationLes autorités chiliennes préconisent la chasse au castor et au vison, encourageant le commerce de leur fourrure et de leur viande car la prolifération exponentielle de ces mammifères nuisibles met en péril l'environnement et l'écosystème de la Patagonie.
Les castors ont été introduits dans cette région, pour la première fois dans le secteur argentin de la Terre de feu, en 1946. Quant aux visons, originaires du Canada, ils ont été introduits au Chili en 1967. Ces deux espèces de mammifères particulièrement voraces, se sont propagées dangereusement dans la Patagonie chilienne et sur les bords du détroit de Magellan.
Quelque 100.000 castors et une multitude de visons colonisent aujourd'hui les cours d'eau des régions australes du Chili, où leur impact sur l'écosystème et l'économie locale est fort dommageable.
Les chercheurs expliquent que la prodigieuse multiplication des castors et des visons est due à l'absence de leurs prédateurs naturels tels que l'ours ou le lynx dans ces zones.
"C'est un problème réellement grave qui touche aussi bien le sud chilien que l'Argentine" explique à l'AFP Nicolas Soto, responsable du programme de ressources naturelles renouvelables du Service Agricole et de l'élevage (SAG) de la région de Magellan (extrême sud).
Le castor, rongeur herbivore et vorace, mange les pousses et les feuilles des arbres. Cet animal a déja ravagé 24.000 hectares, dont 70% de forêts, selon le SAG.
Dépourvus de prédateurs naturels, les castors prolifèrent, détruisent la flore, rongent et abattent les arbres avec lesquels ils construisent des digues parfois longues de 500 mètres. Ces dernières provoquent ainsi des inondations de forêts et rompent l'équilibre de la nature.
L'expansion du castor est si préoccupante que le SAG a lancé depuis deux ans un plan de contrôle du rongeur semi-aquatique, autorisant et encourageant sa chasse tout au long de l'année.
"L'objectif du programme ce n'est pas d'éradiquer le castor en tant qu'espèce, mais de contrôler et de réduire les effets négatifs de sa propagation" ajoute M. Soto en indiquant que le programme prévoit l'élimination de 15.000 bêtes par an à l'aide de pièges et grâce à l'encouragement de la chasse d'autant que la chair, la peau et la fourrure se commercialisent bien.
Dans cette optique, le SAG a acheté un millier de pièges à rats géants d'origine canadienne. Quand le castor y passe la tête, l'engin lui écrase le cou, sa mort est instantanée. Aussi est-ce une méthode que M. Soto juge "humanitaire".
Les chasseurs, eux, reçoivent un salaire mensuel. Chaque queue ou peau de castor chassé rapporte cinq dollars à la vente et autant pour le kilo de viande.
L'industrie de la fourrure et du cuir est ainsi approvisionnée tandis que la gastronomie à base de viande de castor commence à prend de l'essor, avec quatre restaurants de la région l'ayant intégrée à leur menu.
Pour les visons, le SAG préconise l'élimination directe dès qu'ils sont en vue sur une propriété.
Le vison, dont la fourrure est vendue fort chère, se nourrit avidement d'oiseaux aquatiques et de poissons menacés de disparition et s'attaque aussi aux poules fermières. De plus, ce mammifère envahissant contaminerait les rivières, selon les experts, faisant courir des risques sanitaires aux personnes.
Source : AFP