A la suite de la capture d’une chrysomèle des racines du maïs (1) à La Motte-Servolex, en Savoie le 4 septembre dernier, un arrêté préfectoral a été pris pour effectuer des traitements aériens à la deltaméthrine, un insecticide qui a une action par contact et ingestion sur un grand nombre d’insectes.
Toutes les parcelles de maïs, dans un rayon de 10 km autour du lieu de capture de la chrysomèle, ont été concernées et les traitements ont eu lieu mi-septembre.
Simultanément, les préfets de l’Ain, de l’Isère et de la Haute-Savoie ont également renforcé les points de contrôle visant à détecter une éventuelle présence de chrysomèle des racines du maïs dans les zones qui se trouvent dans un périmètre de 40 km autour de la Motte-Servolex. Les pulvérisations ont été effectuées par hélicoptère, à une distance minimale de 50 mètres vis-à-vis des habitations et des cours d’eau, tandis que les apiculteurs ont été invités à éloigner leurs ruches d’une distance équivalente des parcelles de maïs traitées.
Communes concernées par la détection d'une chrysomèle des racines du maïs en Savoie
Mis à part le fait que la discrétion a été de mise, on ne découvre qu’aujourd’hui cette information, on peut s’étonner de l’attitude des autorités locales. Ces pulvérisations aériennes d’un pesticide, dont on connaît la nocivité, posent un problème de santé publique et de déficit important d’information au niveau des populations concernées. Par ailleurs les agriculteurs bio de la zone n’ont pas eu la possibilité d’envisager des solutions alternatives, comme le note France Nature Environnement dans un communiqué.
Une fois de plus, on relève le manque d’anticipation des autorités a fait défaut. En effet, alors que la France a été touchée pour la première fois en 2002, année où 2 foyers ont été découverts à proximité des aéroports de Roissy et d’Orly (le transport aérien étant un facteur de diffusion de ce coléoptère), cette année, pour la première fois depuis 2002, aucune chrysomèle n’a été détectée en Ile-de-France et dans les régions voisines : Haute-Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne, Bourgogne et Centre. Ce résultat semble devoir être mis au crédit de la rotation des cultures qui a été imposée par les autorités, avec l’interdiction de ressemer du maïs durant 2 années de suite sur un périmètre de 5 km autour des foyers découverts l’année précédente.
Ainsi, en Rhône-Alpes, comme ailleurs, il est probable qu’une obligation de rotation des cultures aurait permis d’éviter l’installation de la chrysomèle des racines du maïs, évitant ainsi des épandages d’insecticide non-sélectif et dangereux.
Pascal Farcy
Illustration © Préfecture de Savoie
1- la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica virgifera LeConte) est un petit coléoptère, de 5 à 6 mm de long, de la famille des Chrysomélidés qui s’attaque aux racines des maïs. Originaire d’Amérique centrale, elle fait partie d’une famille qui comprend 338 espèces, qui a progressivement envahi l’Amérique du Nord pour devenir le principal ravageur du maïs. Elle a été signalée pour la première fois en Europe en 1992, en République fédérale de Yougoslavie (Serbie), près de l’aéroport international de Belgrade.
Source: Univers-Nature