AMMA en campagne de mesures
Qu’est-ce qu’AMMA ?
Le programme de recherche AMMA (Analyses Multidisciplinaires de la Mousson Africaine) étudie la mousson africaine et ses conséquences sur le continent africain et le reste du globe. Ce projet international s’étend sur 10 ans et s’appuie sur plusieurs vagues d’observations sur toute l’Afrique de l’Ouest pendant le cycle de la mousson avec, en 2006, une intensification des mesures.
Qu’est-ce que la mousson ?
La mousson est un phénomène saisonnier de régime de vent persistant qui souffle au-dessus de vastes régions intertropicales, de l'océan vers le continent ou inversement. Ce vent apporte durant l'été des précipitations excessivement abondantes, puis il change complètement et rapidement de direction et transporte au contraire, durant l'hiver, un air très sec. Le terme "mousson" est issu de l'arabe mausim qui signifie saison.
Pourquoi étudier la mousson africaine ?
L'objectif d'AMMA est de mieux connaître, grâce à des campagnes d'observations sur toute l'Afrique de l'Ouest, les mécanismes de la mousson africaine pour mieux prévoir ses variations et ses répercussions sur le climat local, régional et global mais aussi sur les populations.
L’Afrique sub-saharienne est la région du monde qui a connu la plus forte diminution relative des précipitations au cours des cinquante dernières années. Au cours du 20ème siècle, les fluctuations des précipitations au Sahel ont connu une forte variabilité avec une vingtaine d’années excédentaires suivies d’une trentaine d’années déficitaires.
Avec une population essentiellement rurale dépendant de l’agriculture, la diminution brusque des ressources en eau a été dramatique, à la fois pour la population et l’économie de la région. La mousson africaine apporte au Sahel les seules pluies de l’année. Nécessaires à la culture du mil, l’aliment de base, elles conditionnent également le débit des fleuves dont l’eau alimente certaines villes et jouent un rôle important pour la santé publique.
Ce phénomène de grande échelle exerce aussi une influence sur le climat du reste de la planète. L’activité de la mousson africaine et la fréquence d’apparition des cyclones tropicaux sur l’Atlantique sont étroitement liées.
Le continent africain est également la plus grande source d'aérosols dans le monde : près de 30% des poussières minérales en suspension dans l’atmosphère proviennent du Sahara ou des zones désertiques proches. Ces particules (sable, poussières, suies carbonées...) transportées par les vents à des altitudes assez élevées sont un des modulateurs du rayonnement solaire et influencent à ce titre les mécanismes climatiques.
Les objectifs d' AMMA
AMMA a pour objectif de fournir aux décideurs africains une évaluation des changements des précipitations prévus au 21ième siècle suite aux fluctuations naturelles et au changement prévu du climat global. La première étape essentielle consiste à améliorer notre capacité à faire des prévisions météorologiques et climatiques dans la région d’Afrique Occidentale.
AMMA vise d'abord à améliorer notre compréhension de la mousson d’Afrique de l’ouest et de son impact sur l’environnement physique, chimique et biologique à l’échelle régionale et mondiale.
AMMA devrait fournir les connaissances scientifiques de base qui permettront d’établir les liens entre la variabilité climatique et les problèmes de santé, de ressources en eau et de sécurité alimentaire et de définir des stratégies de surveillance appropriées.
Enfin, la recherche multidisciplinaire réalisée au sein d’AMMA sera intégrée dans les activités de prévision et de prise de décision.
Une collaboration internationale sur plusieurs années
Basée sur une initiative française, le projet AMMA a été lancé par un groupe scientifique international et est financé par de nombreuses institutions implantées notamment en France, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et en Afrique. Elle bénéficie d’une contribution financière majeure accordée par le Sixième Programme Cadre de Recherche de l’Union Européenne.
Des scientifiques originaires de plus de 25 pays, représentant plus de 140 institutions, collaborent au sein d’AMMA. Plus de 500 chercheurs participent à ce projet : climatologues, hydrologues, agronomes, biologistes, médecins, mais aussi acteurs locaux.
Une structure internationale coordonne les activités en cours, la recherche de base et les campagnes de terrain. AMMA met également en place des partenariats entre les scientifiques impliqués dans la recherche sur la mousson, les personnes en charge des prévisions et les décideurs. AMMA élabore également des programmes d’éducation et de formation multidisciplinaire destinés aux écoles et aux instituts techniques africains.
Ballon stratosphérique mis en oeuvre par le CNES pour l'observation de la haute atmosphère pendant la campagne AMMA (copyright Meteo-France)
En France, les principaux partenaires impliqués sont : Météo-France, le CNES (Centre national d’études spatiales), le CNRS-Insu, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et l’Ifremer.
En savoir plus : Amma France
Les campagnes terrain d’AMMA
La mousson ouest-africaine ayant des implications à plusieurs échelles, AMMA est composé de campagnes de mesures sur divers domaines et périodes d’observation :
2001-2010 : La période d’observations à long terme (LOP) a pour objectif de documenter finement le cycle saisonnier moyen et ses modulations entre années sèches et humides.
2005-2007 : La période d’observations renforcées (EOP) fournira entre 2005 et 2007 des données sur la variabilité des composantes clés du système climatique régional.
2006 : Les périodes d’observation spéciales (SOP) : elles constituent le cœur du dispositif expérimental AMMA. Elles ont pour objectif principal l’acquisition de données permettant d’étudier de façon détaillée une saison de mousson en terme de processus. Il s'agit plus particulièrement d'étudier les systèmes météorologiques lors des différentes phases de la mousson :
- la saison sèche précédent la mousson (janvier-février)
- l’établissement de la mousson (juin)
- la mousson au stade mature (juillet-août)
- la fin de la mousson. (Septembre)
Les campagnes terrain s'appuient sur des réseaux de mesures comprenant des instruments au sol, des avions instrumentés, des ballons, des navires équipés de capteurs et même des satellites.
Source : Météo France