Pour quelle raison le tsunami du 26 décembre 2004 a-t-il été aussi puissant et dévastateur ? C'est l'une des questions à l'origine du programme de recherche Sager (Sumatra-Andaman Great Earthquake Research), mis en place par le Laboratoire de géosciences marines à l'Institut de physique du Globe de Paris (IPGP) quelques semaines après ce tragique événement qui a fait environ 300 000 victimes dans les pays baignés par l'océan Indien. Et les premiers résultats qui viennent de tomber révèlent l'existence d'une longue faille au large de Sumatra, peut-être responsable de la puissance dévastatrice du séisme à l'origine du tsunami. Pour y parvenir, pas moins de trois campagnes de recherche ont été nécessaires. Cinquante chercheurs et une quinzaine d'institutions et de partenaires industriels de quatre pays ont été mobilisés afin d'étudier ce terrible séisme de 9,3 sur l'échelle de Richter, le second en magnitude jamais enregistré.
ImageTout d'abord, le projet Sager a permis une prouesse technique. « Nous avons réussi à obtenir des images de la croûte terrestre jusqu'à 30 et 50 kilomètres de profondeur sous le fond de l'océan. Auparavant, nos données sismiques n'allaient pas au-delà des 10 kilomètres. Ainsi, pour la première fois, les chercheurs ont pu « jeter un œil » sur la source même du séisme, à 30 kilomètres de profondeur dans la zone de subduction. Ceci a été possible grâce à la technologie d'acquisition sismique développée par la compagnie Schlumberger/Westerngeco. Ces profils sismiques vont permettre de mieux comprendre comment un séisme d'une telle magnitude a pu se produire dans une région qui était réputée calme et comment l'énergie s'est propagée depuis la zone de rupture jusqu'au plancher océanique.
Mais ce n'est pas tout. La première campagne, réalisée entre juillet et août 2005 à bord du Marion Dufresne, a permis d'enregistrer et de localiser les multiples répliques du séisme. Cette étude a révélé l'existence d'une faille au large de Sumatra, dite de Ouest Andaman. D'après les hypothèses des scientifiques, cette faille marque la frontière entre deux plaques lithosphériques. Et c'est peut-être à cause d'elle que la rupture s'est propagée vers le nord. Cette idée semble confortée par les cartographies du fond de la mer réalisées et par les profils sismiques. Cette frontière physique, en canalisant l'énergie dans une seule direction serait, pourquoi pas, responsable de la puissance dévastatrice du séisme. Les chercheurs préparent à présent une nouvelle campagne afin d'en savoir plus sur le rôle et l'activité de la faille.
Source : IPGP