« Mauvais temps pour la biodiversité marine… et très mauvais point pour la France », titre l'un des derniers communiqués de France Nature Environnement pour qui l'intérêt pour la biodiversité manifesté par les autorités françaises est malheureusement contredit depuis plusieurs mois par une série d'actions et de déclarations qui manifeste un mépris certain pour le milieu marin ou une ignorance désastreuse.
Selon la fédération des associations de protection de l'environnement, l'enquête actuellement ouverte pour la création d'un parc marin à la pointe de Bretagne pourrait faire apparaître celui-ci comme un alibi destiné à se donner bonne conscience dans un océan d'inconscience et de négligence et de rappeler que le Préfet maritime a fait chasser le bateau de Greenpeace des eaux marseillaises dans lesquelles il venait protester contre les excès de la pêche française au thon rouge, excès mis en évidence par des études scientifiques indiscutables, début 2006.
Selon la fédération des associations de protection de l'environnement quelques semaines plus tard, l'État est resté muet alors que le lobby de la pêche en France mettait en cause les compétences de l'IFREMER parce que les autorités de Bruxelles envisageaient de tenir compte de l'avis de ses scientifiques et de baisser en conséquence les quotas de pêche pour certaines espèces menacées en Atlantique et Mer du Nord.
Mais selon FNE, il y aurait plus préoccupant encore. Pour elle, il y a quelques jours, le Ministre de l'agriculture et de la pêche, Dominique Bussereau, l'un des quatre tuteurs ministériels de l'IFREMER , traitait cyniquement la question au niveau du Conseil européen et finissait par considérer que les décisions, très en retrait par rapport aux propositions formulées par les scientifiques étaient "réalistes".
En se contentant de réduire à 29000 tonnes (contre 32000 cette année), le quota annuel du thon rouge pour 2007, la CICTA ne réussit pas à imposer des mesures à la hauteur des enjeux et fait écho à la politique française en matière de surpêche. Rappelons qu'une étude parue, le 2 novembre, dans la revue Science affirme que la quasi-totalité des espèces de poissons et de crustacés pêchés pour la consommation aura disparu d'ici 2050 si le rythme de pêche reste le même.
En jouant l'intérêt à court terme de la filière de la pêche contre les avertissements des scientifiques, l'État français fait preuve d'une irresponsabilité bien éloignée du principe de protection des ressources – sans parler du principe, désormais constitutionnel de précaution qui imposerait des mesures bien plus radicales. Au lieu d'aider les professionnels à s'adapter aux contraintes liées à l'épuisement de la ressource, l'État persiste dans une fuite en avant qui, après avoir déjà contraint la France à démanteler une partie de sa flotte de pêche , ne peut qu'entraîner la disparition des poissons et des pêcheurs.