A l'heure où les professionnels du tourisme s'inquiètent d'un enneigement tardif cette année en Europe, l'OCDE a tiré mercredi la sonnette d'alarme, estimant que le réchauffement climatique menace les "économies régionales" tributaires des recettes des stations de ski.
Les changements climatiques "remettent gravement en question la fiabilité de l’enneigement" dans les stations de ski des pays alpins en Europe, pour lesquels le tourisme d’hiver est une "activité essentielle", indique l'Organisation de coopération et de développement économiques dans une étude.
"Les Alpes sont particulièrement sensibles aux changements climatiques et le réchauffement récent y a été près de trois fois supérieur à la moyenne mondiale", note l'étude.
Actuellement, on considère que 90% des domaines skiables alpins de moyenne ou grande taille, soit 599 domaines sur 666, bénéficient d’un enneigement naturel suffisant (30 cm de neige) pendant au moins 100 jours par an, relèvent les auteurs.
Les 10% restants sont déjà soumis à des "conditions précaires". "Une hausse de la température de 1°C, de 2°C ou de 4°C à l’avenir pourrait ramener le nombre de domaines skiables jouissant d’un enneigement fiable à 500, 400 ou 200 respectivement", prévient l'OCDE.
"Une hausse de la température de 1°C relève de 150 mètres le niveau d'altitude à partir duquel l'enneigement naturel est suffisant pendant au moins 100 jours par an", explique le coordinateur de l'étude, Shardul Agrawala, administrateur chargé du changement climatique à l'OCDE.
Ce seuil se situe à 1.200 m pour la Suisse et des régions frontalières françaises (Savoie, Haute-Savoie), alors que dans les zones aux températures plus élevées et donc plus vulnérables comme les départements français Alpes-Maritimes et Alpes-de-Haute-Provence, ce niveau est à 1.500 m.
Parmi les cinq pays étudiés, c’est l’Allemagne qui est "le pays le plus vulnérable": un réchauffement de 1°C y entraînerait une baisse de 60% du nombre de domaines skiables bénéficiant d’un "enneigement naturel fiable".
L’Autriche, où la moitié des revenus du secteur touristique, soit 4,5% de l’économie nationale, provient du tourisme d’hiver, "est légèrement plus sensible que la moyenne". La France est "proche de cette moyenne" et l’Italie "légèrement audessus".
C’est la Suisse qui souffrirait le moins de ces changements, mais même dans son cas, un réchauffement de 1°C ferait diminuer l’enneigement naturel de 10% et un réchauffement de 4°C diviserait par deux le nombre de pistes bénéficiant d’un enneigement fiable, selon l'OCDE.
Les exploitants des stations ont "déjà pris des mesures pour s’adapter à l’élévation de la limite d’enneigement et au raccourcissement de la saison", recourant pour la plupart d’entre eux à la technologie.
Si la neige artificielle peut être "rentable pour eux", elle "consomme beaucoup d’eau et d’énergie, et a une incidence sur les paysages et les éco-systèmes", prévient toutefois l'OCDE.
Source : AFP