Le Vésuve n'a pas fini d'inquiéter les Italiens. La question n'est pas de savoir si le volcan se réveillera, mais bien quand. L'observatoire du Vésuve scrute en permanence le comportament du volcan dont la dernière éruption remonte à 1944. Les analyses des chercheurs de l'observatoire ont permis de démontrer qu'il y a une importante poche de magma à 15 km de profondeur.
Le but premier du personnel de l'observatoire est de détecter à l'avance la prochaine éruption, un enjeu de taille puisque la vie de près de 600 000 personnes en dépend. Les 18 communes qu'elles habitent sont en effet situées dans la « zone rouge », menacée de destruction.
Le centre a élaboré avec la protection civile italienne un protocole d'alerte qui comprend quatre degrés, le plus élevé entraînant l'évacuation de la zone. Il reste à voir combien de temps il faut pour évacuer une foule de 600 000 personnes, potentiellement paniquée, dans une région montagneuse où la densité de population, à certains endroits, est supérieure à celle de Hong Kong.
Pour la protection civile italienne, il est possible de procéder, par voie routière, en 72 heures. Cette estimation est basée sur une simulation d'évacuation conduite en septembre dans les 18 communes ciblées. Quelque 2000 personnes ont participé à l'exercice, qui a permis, de déceler quelques défauts du plan tout en sensibilisant la population locale à la marche à suivre.
En cas d'éruption, les personnes évacuées seront d'abord dirigées temporairement vers des communes jugées sûres avant d'être relogées dans 18 communes jumelles, réparties partout en Italie. Les récalcitrants seront évacués par l'armée ou la police. Ce déplacement est d'autant plus important, que le volcan, en cas d'éruption, peut rester actif des mois, voire des années. Les évacués devront donc accepter de vivre dans une autre région
Tout en peaufinant le plan d'évacuation, la protection civile tente, de concert avec les autorités locales, de réduire la population sur les flancs du volcan. Une prime de 30 000 euros est offerte à cette fin aux jeunes familles qui acceptent de quitter la zone rouge. Le problème est complexifié par la construction immobilière sauvage qui a longtemps frappé la région et qui persiste encore aujourd'hui, à une échelle réduite.
Le phénomène touche même le parc national englobant la section supérieure du volcan. De 1997 à 2001, les autorités ont réussi à freiner sensiblement cette pratique en chapeautant la destruction de plusieurs immeubles construits illégalement.La démarche n'était pas sans risque puisque plusieurs de ces bâtiments contenaient des armes et des stupéfiants et étaient utilisés par la mafia napolitaine !
Autre problème : la population locale n'a aucun véritable souvenir de ce qu'est une éruption, ce qui peut l'amener à paniquer inutilement ou encore à sous-estimer les risques.
L'ancienne ville de Pompéi, rayée de la carte par la violente éruption du volcan en 79 après Jésus-Christ, constitue aujourd'hui un criant témoignage de la puissance de destruction du Vésuve. On peut notamment y voir les formes prostrées de certains des résidants tués, dont la dernière pose a été reconstituée en coulant du béton dans les produits volcaniques durcis.
Dans les siècles qui ont suivi, les résidants de Naples, située juste à l'extérieur de la zone rouge du volcan, se sont souvent tournés vers saint Janvier, protecteur de la ville, dans l'espoir d'endiguer les furies de Dame Nature.
Source : Cat Nat