L'administration Bush a proposé mercredi de classer les ours polaires parmi les espèces menacées, reconnaissant pour la première fois le réchauffement climatique comme un facteur pouvant entraîner à terme la disparition d'une espèce.
L'objectif est de faire reconnaître les ours polaires "comme une espèce menacée, et de toute évidence le changement climatique est un facteur", a déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat un responsable du Département de l'Intérieur, le ministère chargé notamment de la gestion des ressources naturelles.
C'est la première fois que l'avenir d'une espèce aux Etats-Unis est lié à ce point à l'évolution climatique, a-t-il ajouté.
La proposition du Département de l'Intérieur ne devrait aboutir à une décision formelle de faire des ours polaires une espèce menacée qu'au terme d'un an de consultations publiques avec des experts et des universitaires.
Le nombre d'ours polaires dans le monde est estimé à entre 20.000 et 25.000, dont 15.000 vivraient au Canada et 4.700 en Alaska, sans compter les populations de Russie, de Finlande ou de Norvège.
Depuis plusieurs années, des associations écologistes mettent en garde contre un risque que le réchauffement climatique conduise à la disparition de l'espèce.
Les températures en hausse font fondre la banquise de plus en plus tôt, diminuant d'autant le terrain et la saison de chasse des ours polaires. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) souligne qu'avec une chasse réduite, ces plantigrades ont moins de temps pour se constituer des réserves de graisse, ont faim, et leurs capacités reproductives sont diminuées.
Les ours polaires sont les plus grands carnivores terrestres, pesant de 300 à 450 kg, et remarquablement véloces malgré leur taille imposante, pouvant courir à une vitesse de 45 à 50 km/h/.
Leur fourrure blanche comme neige en fait un des animaux les plus prisés des illustrateurs et fabricants de peluches, et ils sont considérés comme un "trésor national" des Etats-Unis.
Le Département de l'Intérieur a souligné que sa décision anticipait sur des études montrant une réelle réduction du nombre d'ours polaires. "Nous n'avons pas vraiment d'études sur un déclin de la population, sauf dans un ou deux endroits", a déclaré le responsable.
Des études publiées par des associations écologistes assurent que la population d'ours polaires dans l'ouest de la Baie d'Hudson, au Canada, est passée de 1.200 individus en 1987 à 1.100 en 1995 et moins de 950 en 2004.
Le responsable gouvernemental a rappelé que ces plantigrades constituaient déjà une espèce protégée, y compris par des traités internationaux. "Il est interdit de tuer un ours polaire sans permis aux Etats-Unis", a-t-il dit.
Le projet de mesure annoncé mercredi fait suite à des poursuites engagées par trois organisations écologistes, dont Greenpeace et le Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), qui a salué "une victoire pour l'ours polaire, et la nature entière qui est menacée par le réchauffement climatique".
"C'est le début d'un changement tectonique dans la façon dont ce pays réagit au réchauffement climatique", a assuré Kassie Siegel, une responsable du NRDC, appelant à "réduire immédiatement la pollution" à effet de serre.
Le parlementaire démocrate Ed Markey a salué la mesure prise par l'administration républicaine, estimant que si les ours polaires sont bien classés parmi les espèces menacées, "cela pourrait signaler le début de la fin d'une politique niant le réchauffement".
M. Markey a réaffirmé que le nouveau Congrès à majorité démocrate s'attacherait à promouvoir une politique beaucoup plus favorable à l'environnement que l'administration Bush, qui, dès 2001, avait refusé de ratifier le protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Source : AFP