La déforestation est une nouvelle fois accusée en Indonésie, où des inondations et des glissements de terrain ont fait des centaines de morts et de disparus et forcé 400.000 personnes à fuir leur foyer.
Le gouvernement indonésien est critiqué par des ONG pour avoir accordé de nombreuses et vastes concessions boisées à des exploitants, notamment à Sumatra où les crues recouvraient mercredi des milliers d'hectares dans le nord de l'île.
La déforestation illégale est par ailleurs vivace, notamment dans la province d'Aceh où historiquement elle implique des "barons du bois" parfois liés à l'armée indonésienne.
"Ce n'est pas la première fois que de telles catastrophes se produisent et malgré cela on n'a toujours pas tiré de leçon", regrette Togu Manurung, de l'Institut d'agronomie de Bogor.
"C'est un fait que les forêts d'Aceh, de Sumatra Nord et de (la province de) Riau sont très endommagées. C'est également le cas dans (les provinces de) Kalimantan Centre et Sud (Bornéo) où des inondations ont récemment recouvert des milliers d'hectares de terrain".
"Le demande en bois d'Indonésie ainsi qu'en terrain pour s'étendre -- y compris de la part des plantations de palmiers à huile -- est encore élevée", a-t-il expliqué.
Le vice-président indonésien Jusuf Kalla a dénoncé la déforestation illégale comme étant l'un des facteurs aggravants de ces inondations meurtrières.
Les experts pointent du doigt l'érosion des sols et la désertification causée par la déforestation comme le facteur principal expliquant les crues et les glissements de terrain.
"Dans le cas des récentes inondations, la capacité d'absorption de l'environnement est le facteur le plus déterminant étant donné qu'il n'y a pas de phénomène exceptionnel de pluviométrie", a relevé Indro Santoso, un spécialiste de l'agence de météorologie.
Selon des défenseurs de l'environnement, l'Indonésie perd en surface boisée l'équivalent de quatre à six terrains de football chaque minute.
Des ONG ont calculé qu'il ne reste plus que 11% de la surface de Java, l'île d'Indonésie la plus peuplée, couverte de forêts (naturelles ou pas). Des centaines de personnes y sont mortes en 2006 dans des coulées de boues ou inondations diverses.
"La destruction de la forêt prend des proportions extrêmes", estime Hapsoro, un membre de Greenpeace Asie du Sud-Est.
"Nous exigeons du gouvernement qu'il informe les populations, en particulier celles vivant dans les zones à haut risque, qu'une catastrophe peut les frapper à tout moment", a déclaré à l'AFP Chalid Muhammad, de l'association écologiste Walhi.
Purnama, un responsable du ministère des Forêts, a assuré qu'une telle carte avait été réalisée pour l'île de Java et que le gouvernement avait pour objectif d'en terminer l'an prochain une autre concernant Sumatra.
"Mais même avec ces cartes, il reste toujours difficile de les communiquer aux habitants. Ils ne peuvent pas quitter facilement leur domicile", a-t-il dit.
Source : AFP