Un défi ancien pour les habitants du désert, à savoir comment utiliser les plantes pour empêcher les dunes de sable de se mouvoir, a suscité l’attention des physiciens. Ceux-ci ont défini des équations du mouvement décrivant les vitesses de vent, la croissance des plantes, le mouvement du sable et la façon dont la forme d’un paysage du désert change à mesure que les plantes y croissent. Ils en ont déduit un «index de fixation» qui prédit le moment auquel les plantes fixent avec succès une dune.
Bien que les plantes ne soient pas courantes dans les aires de dunes de sable, elles jouent un rôle important dans la stabilisation du mouvement du sable et la fixation de la position des dunes. Il y a en effet souvent une implacable compétition entre les plantes et le sable, «harnaché» pendant des milliers d’années par des personnes vivant dans de telles régions, dans le but de contrôler le mouvement des dunes.
Orencio Duran et Hans Herrmann, de l’Université de Stuttgart en Allemagne, ont développé leurs équations en se fondant sur des observations scientifiques du comportement des dunes de sable dans les régions désertiques. Les chercheurs ont par exemple observé que les dunes en forme de croissant, dénommées «barkhanes», deviennent des dunes de forme parabolique (je ne sais pas si tout le monde sait à quoi ça ressemble alors je me permets une petite précision... Une forme parabolique correspond à une sorte de bol plus ou moins étroit...) dès lors qu’elles sont colonisées par les plantes. Cette transformation est conçue comme étant la première étape pour arrêter le mouvement d’une dune.
L’index de fixation, êta, est le ratio entre le taux auquel une dune de sable s’érode et la rapidité avec laquelle une plante peut croître et inhiber l’érosion. Les équations indiquent que les plantes peuvent transformer une barkhane en une dune parabolique lorsque êta est d’une valeur inférieure à 0,5. La croissance des plantes stoppe dans ce cas l’érosion. Inversement, lorsque êta est d’une valeur supérieure à 0,5; l’érosion induite du sable par le vent empêche les plantes de croître. Et une barkhane peut continuer à se mouvoir.
Ces résultats devraient permettre aux scientifiques de réaliser des prédictions de long terme (sur des milliers d’années), en ce qui concerne la manière dont les dunes côtières évoluent. Ils pourraient avoir un impact sur les phénomènes environnementaux, par exemple à travers la manière d’accroître la biodiversité. Ils pourraient aussi contribuer à protéger les régions semi-arides menacées par un processus de désertification.
Auteur : CIRS (Centre International de Recherche Scientifique)