Le Programme des nations unies pour l'environnement a rendu public un rapport co-réalisé par des scientifiques qui montrent l'apport de l'éco-certification pour lutter contre la déforestation et les émissions de gaz à effet de serre. Il propose d'en étendre le principe aux autres ressources naturelles et de rémunérer les communautés qui les entretiennent.
Le Programme des nations unies pour l'environnement (Pnue) a rendu publiques plusieurs solutions pour gérer la mondialisation "de façon plus environnementale et responsable", par exemple en étendant l'éco-certification du bois à d'autres ressources naturelles ou en subventionnant des programmes de conservation des écosystèmes.
"Chaque gouvernement, chaque consommateur doit pouvoir savoir quelles entreprises respectent l'environnement et lesquelles polluent et pour cela il faut développer la certification" des produits, a récemment expliqué à la Tribune, Achim Steiner, directeur exécutif du Pnue.
Pour lui, "le forum de Davos a montré que les milieux d'affaires attendent des Etats qu'ils définissent les règles pour commencer la décarbonisation de l'économie", le CO2 étant le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement planétaire. "La question n'est pas de savoir si la mondialisation est bonne ou mauvaise, mais de savoir si nous avons mis en place les régulations, les instruments économiques ingénieux (...), les partenariats pour assurer les bénéfices les plus larges possibles au coût le plus faible pour la planète et ses habitants", considère Achim Steiner.
Dans son rapport mondial 2007, co-réalisé par 80 scientifiques du monde entier et publié lundi à Nairobi à l'ouverture d'une conférence sur la mondialisation et l'environnement, le Pnue souligne que l'éco-certification menée dans le cadre de l'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), a permis de couvrir 10,5 millions d'hectares (ou 3%) de forêts (naturelles). Le Pnue propose d'étendre cette éco-certification à d'autres ressources naturelles, accompagnée de politiques d'exploitation "vertes".
Selon le rapport , la création des réserves de protection marines - qui ne couvrent actuellement que 0,6% de la surface des océans -, a permis d'augmenter d'un cinquième le nombre des espèces de poissons et d'accroître les prises dans les eaux environnantes.
Or sans meilleure gestion, l'augmentation de la demande d'aliments provenant de la mer va conduire à un effondrement des stocks commerciaux de poissons d'ici 2050, estiment les scientifiques, qui préviennent que le changement climatique va aggraver cette situation en augmentant l'acidité des mers et des océans et en provoquant la mort des coraux, importantes frayères pour les poissons.
Vendredi et samedi à Paris, une conférence sur l'environnement organisée à la demande de Jacques Chirac a permis de souligner que "60% des écosystèmes sont exploités au-delà de leur capacité, une espèce végétale sur six, une espèce de mammifères sur quatre, une espèce d'oiseaux sur huit sont actuellement considérées comme mencées d'extinction dans le monde", selon un document distribué à cette occasion. De plus, "près de 30000 espèces vivantes, terrestres ou marines, disparaissent chaque année et, à ce rythme, 50% des espèces pourraient disparaître d'ici à 2010", indique ce document.
Autre proposition avancée par le Pnue afin de promouvoir un développement "durable", le paiement de l'entretien des écosystèmes, notamment en indemnisant les communautés et les pays qui assurent le maintien de ces écosystèmes essentiels pour la survie de la planète. Le rapport donne l'exemple du canal de Panama, qui a connu ces dernières années nombre de problèmes techniques de baisse du niveau d'eau due à la déforestation pratiquée autour de réservoirs d'eau.
Une société d'assurance forestière a ainsi proposé un contrat sur 25 ans, payable par les propriétaires de navires et dont les profits seraient en partie consacrés à la reforestation des bassins hydrographiques dégradés autour du canal. La subvention d'initiatives locales respectueuses de l'environnement (notamment grâce à des prêts à taux d'intérêt préférentiels) comme le développement de l'énergie solaire en Inde ou en Tunisie, est aussi préconisée par le Pnue.
Enfin, le Pnue compte aussi sur la prise de conscience des multinationales des avantages en terme de marketing et d'image d'adopter des comportements responsables sur le plan social et environnemental. Achim Steiner chiffre à 400 milliards de dollars par an les besoins des entreprises pour mener à bien la décarbonisation de l'économie" et adapter les technologies "dans tous les secteurs de production et les transports". Malgré l'ampleur des montants, le directeur exécutif du Pnue estime que les pays riches ont "la capacité technologique, économique et sociale d'absorber ces changements" à en juger par la croissance de ces dernières
Source : La Tribune