Certains cimetières présentent un risque pour les réserves d'eau potable et la crémation produit des gaz toxiques. Une solution propre s'imposait. La biologiste suédoise Susanne Wiigh-Masak a mis au point une alternative écologique à l'enterrement ou à la crémation. La recette est simple : congelez le corps et, huit à dix jours après le décès, plongez-le dans de l'azote liquide. Au bout d'un certain temps, le cadavre est réduit à 20-30 kg de poudre organique beige.
Cette substance
"totalement inodore et hygiénique" peut être placée dans un cercueil ou mise en terre dans un réceptacle biodégradable, auquel cas il n'en reste plus trace au bout d'environ six mois. Le mélange fait un remarquable compost, indique Mme Wiigh-Masak, qui recommande de s'en servir pour planter un arbre ou un massif de fleurs. Ces végétaux contiendront les mêmes molécules que le défunt.
"La seule chose qui nous différencie d'un bouleau ou d'un rhododendron, c'est notre âme." Elle espère ainsi que ceux qui regarderont un lilas qui fut autrefois leur père ou leur mère respecteront mieux la nature et craindront moins la mort, indique
Moskovskié Novosti.
Si le décès survient en hiver, la poudre peut être conservée sans problème jusqu'à la saison du jardinage. La biologiste a elle-même planté des roses sur des restes de vaches et de porcs avec d'excellents résultats, note le
New Scientist. Pour l'écologiste Steen Ebbersteen, de l'université d'Uppsala, cette méthode pourrait permettre de combattre la pollution tout en enrichissant les sols. La plupart des Suédois se font incinérer, mais ils se transforment alors en fauteurs de pollution dans la mesure où leurs plombages [contenant du mercure] partent en fumée dans l'atmosphère. Avec l'azote liquide, les plombages restent intacts, il suffit de les enlever avant de récupérer la poudre.
Cette méthode n'est certes pas bon marché, car l'azote liquide est cher. Mais elle ne rencontre apparemment pas d'obstacles politiques. L'Eglise suédoise n'y est pas opposée et le gouvernement envisage même de modifier sa législation pour l'appliquer aux êtres humains, si l'opinion publique y est favorable. Mme Wiigh-Masak espère célébrer sa première inhumation verte l'année prochaine. Il restera à s'habituer à l'idée que le géranium qui orne la fenêtre est un parent qu'il ne faut pas oublier d'arroser.
Source Courrier International
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