''Protocole de Kyoto, directives européennes, crainte du réchauffement de la planète et souci de leur image : les dirigeants d'entreprises deviennent de plus en plus exigeants sur le respect de l'environnement dans la conception de leurs immeubles à bureaux.
Interrogés au Salon de l'immobilier d'entreprise (Mipim) qui se tient à Cannes, les spécialistes soulignent combien cette préoccupation est récente et date de deux à trois ans.
Les promoteurs et les constructeurs apparaissent de plus en plus désireux de mettre en avant des bâtiments verts.
«Ce furent d'abord les collectivités locales, via leurs sociétés d'économie mixte (SEM), qui ont demandé le respect de certaines normes environnementales», explique Loïc Daniel, directeur général adjoint de Nexity, vite rattrapées par les utilisateurs des bureaux qui en font l'un des éléments de leur communication.
«La prise de conscience de l'importance du développement durable est un phénomène récent chez les investisseurs», s'accorde à dire Angus McIntosh, directeur recherche et étude de King Sturge, un conseil en immobilier britannique.
«Il est important cependant, ajoute-t-il, que cela ne se limite pas à la protection de l'environnement car il faut aussi prendre en compte les aspects humains et sociaux pour que les gens aient envie d'y vivre et d'y travailler».
Premier quartier d'affaires européen avec ses 3 millions de mètres carrés de bureaux, La Défense à côté de Paris, ne fait pas que parler de développement durable, elle le met en oeuvre. Ainsi, au Mipim, Bernard Bled, directeur général de l'EPAD, a annoncé qu'il organisait un grand rendez-vous sur ce thème, à La Défense au printemps 2008, auquel il va convier tous les responsables des grands quartiers d'affaires mondiaux.
«Il s'agit de montrer que le développement durable n'est pas antinomique avec le développement économique», assure Bernard Bled. Pour prouver son engagement, il a déjà annoncé que tous les gravats des démolitions de tours et d'immeubles anciens prévues seront évacués par voie fluviale, la Seine coulant au pied de la Défense.
C'est dans ce quartier d'affaires que se trouve la première tour Haute qualité environnementale (HQE). La Tour Granite réalisée par le promoteur Nexity et dessinée par l'architecte Christian de Portzamparc a reçu ce label délivré par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
Ces normes HQE sont de plus en plus inclues dans le cahier des charges des constructeurs. À Paris, on exige même d'améliorer de 20 % les normes de la RT2005 établie par l'Union européenne.
«Le surcoût varie entre 5 et 10 %», reconnaît Loïc Daniel, mais cette exigence de respecter l'environnement est une vraie attente des utilisateurs.
Une telle démarche demande un immense travail en amont pour optimiser au mieux les déplacements et travailler avec les matériaux les plus performants.
Ainsi, Meunier, filiale de BNP-Paribas Immobilier, a lancé la construction du siège d'une entreprise de 18 000 mètres carrés dans la région Île-de-France, où la qualité architecturale et énergétique ont été prises en compte dès la conception.
«Si la construction coûte de 7 à 8 % plus cher, elle garantit une économie de maintenance de 7 à 8 % également», précise Christophe Clamageran, président de Meunier immobilier d'entreprise.''
Véronique Buttin
Agence France-Presse
Cannes
Source Cyberpress