''Une stratégie de lutte contre le réchauffement climatique a été esquissée samedi au sommet des ministres du G8 + 5 environnement à Potsdam, près de Berlin, sur la base d'un large consensus malgré l'opposition des Etats-Unis sur deux points.
Le sommet de Potsdam, destiné à "préparer le terrain" à celui du G8, du 6 au 8 juin à Heiligendamm (nord de l'Allemagne), a permis de constater l'émergence d'un "consensus au-delà de nos espérances", ont affirmé au cours d'une conférence de presse commune le ministre allemand de l'Environnement Sigmar Gabriel et Yvo de Boer, président de la Convention cadre des Nations unies pour le changement climatique (UNFCC).
"Un consensus politique est en train d'émerger, un consensus sur l'urgence du problème et la nécessité de mobiliser tous les outils possibles" pour lutter contre le changement climatique, a souligné M. de Boer. Il a rappelé qu'il y a quelques années encore, la réalité scientifique du phénomène était remise en question.
Une ombre néanmoins à cette rencontre de deux jours: le rejet par les Etats-Unis de deux points d'une stratégie de protection du climat en six volets sur lesquels tous les autres participants s'étaient accordés.
Le représentant américain, Stephen L. Johnson, dont le pays est responsable d'un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a refusé de reconnaître la "responsabilité des pays industrialisés" en vue de développer des instruments financiers destinés à aider les pays en développement à protéger leur environnement, et en particulier les forêts tropicales.
"Nous le regrettons", mais "je ne pense pas que cette position soit tenable sur la durée," a déclaré M. Gabriel dont le pays préside le G8 en 2007 et l'Union européenne au premier semestre.
A l'exception des Etats-Unis, les ministres du G8, de Chine, du Mexique, d'Inde, du Brésil et d'Afrique du Sud ont reconnu "l'irréversibilité du changement climatique actuel et la responsabilité des pays industrialisés", qui doivent "prendre des mesures et développer des instruments financiers pour la gestion des conséquences dévastatrices dans les pays en développement", a déclaré M. Gabriel.
La déforestation, responsable à hauteur de 20% du CO2 dans l'atmosphère, est une des conséquences majeures de l'industrialisation des 150 dernières années dans les pays riches.
"Les inquiétudes qui émergent lors des débats sur la protection du climat sont presque toujours d'ordre économique", a souligné M. Gabriel. Aussi sera-t-il difficile de rallier les pays en développement "si nous ne créons pas en même temps des instruments pour soutenir leur développement", a relevé le ministre allemand.
Sans les pays émergents, comme la Chine et l'Inde dont les émissions de CO2 dépasseront celles des Etats-Unis en 2015, la lutte contre le réchauffement climatique est perdue d'avance.
Yvo de Boer a minimisé le refus américain en rappelant que les Etats-Unis avaient avalisé les autres points de la stratégie, à l'exception de celui préconisant le négoce des émissions de CO2. "Il s'agit de développements encourageants", a-t-il relevé.
Le G8 + 5 a reconnu la nécessité de limiter le niveau des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, et celle pour les pays industrialisés de renforcer leur engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre et transférer les technologies nécessaires aux pays en développement.
Les participants, hormis les Etats-Unis, ont également plaidé en faveur du négoce des émissions de CO2 et ont encouragé les initiatives indépendantes, comme par exemple au Brésil où la déforestation a été réduite de moitié.
Vendredi, le G8 + 5 avait tiré la sonnette d'alarme sur la destruction de la biodiversité en adoptant à l'unanimité une "initiative de Potsdam".''
Source: Metro France