''Selon le rapport d'une équipe internationale de chercheurs dans le magazine «Nature», contrairement à la croyance populaire, l'extinction des dinosaures il y a 65 millions d'années n'a pas beaucoup influencé l'évolution et la diversification des mammifères modernes.
Les dinosaures ont péri lorsqu'un énorme astéroïde a atterri sur la péninsule du Yucatan au Mexique. Jusqu'à présent, la majorité des gens pensait que les mammifères modernes s'étaient rapidement diversifiés à la suite de cet évènement d'extinction de masse, ayant évolué en occupant les niches écologiques que les dinosaures avaient laissées vacantes. Cependant, la nouvelle recherche suggère qu'en effet les ancêtres des lignages qui ont continué d'évoluer pour devenir les mammifères aujourd'hui existaient déjà depuis 85 millions d'années, et alors qu'ils avaient survécu à la catastrophe ayant exterminé les dinosaures, ils n'ont commencé à se diversifier que 10 à 15 millions d'années plus tard.
Les scientifiques ont abouti à leur conclusion après avoir construit le premier «superarbre» mondial présentant les relations évolutionnaires parmi les 4500 espèces de mammifères. L'arbre, qui remonte à 160 millions d'années, couvre 99 % des mammifères vivants d'aujourd'hui. Il a été mis au point sur la base d'enregistrement de fossiles et d'analyses moléculaires concernant les différences génétiques entre les espèces. Les changements sur les gènes s'opérant à un taux relativement régulier, le calcul des différences entre les deux espèces peut aider les chercheurs à découvrir quand ont été divisés les lignages. Les travaux ont mis plus d'une décennie à s'achever et ont rassemblé des paléontologues, des bioinformaticiens, des biologistes évolutionnaires et des écologistes.
Les chercheurs ont identifié une première vague de diversification des mammifères il y a 93 millions d'années, lorsque les groupes majeurs ont fait leur apparition. «Des données moléculaires précises indiquent que nos racines mammaliennes communes doivent remonter à 90-100 millions d'années, si ce n'est plus, mais de nombreux paléontologues ont émis des doutes concernant cela en raison du manque de fossiles apparemment ancestraux jusqu'à il y a 50 à 55 millions d'années», a commenté le Dr Ross MacPhee du musée d'histoire naturelle américain. «Maintenant nous savons que les ancêtres des groupes de mammifères vivants étaient là, mais en très petit nombre.»
L'arbre montre que seulement peu de groupes de mammifères se sont diversifiés rapidement à la suite de l'extinction des dinosaures, et la plupart de ces lignages ont depuis disparu. En effet, l'apogée principale de la diversification mammalienne a débuté quelque 10 à 15 millions d'années après l'extinction des dinosaures. La raison pour laquelle les mammifères ne se sont pas diversifiés plus tôt, et la raison de cette vague d'évolution lorsqu'elle a finalement eu lieu, demeure encore un mystère, bien que les chercheurs insiste sur le fait que cette augmentation de la biodiversité coïncide avec une augmentation des températures mondiales.
«Le résultat définitif est que les mammifères que nous connaissons aujourd'hui sont actuellement assez âgés et ont échappé à la détection, qu'il s'agisse de dinosaures ou d'autres mammifères désormais 'archaïques' également, beaucoup plus longtemps que la plupart des gens ne le supposait», a déclaré Olaf Bininda-Emonds de l'Université de Jena, en Allemagne, à la tête de la recherche. «Il ne s'agit là que du premier des nombreux aperçus, sauf imprévu, concernant l'évolution mammalienne à éclaircir à l?aide de l'arbre.»
«Cette recherche ne montre pas uniquement que l'extinction des dinosaures n'a pas provoqué l'évolution des mammifères des temps modernes, mais elle nous offre également beaucoup d'autres informations», a ajouté le Dr Kate Jones de la Société zoologique de Londres. «Les scientifiques pourront utiliser la recherche pour regarder vers l'avenir et identifier les espèces en voie de disparition. Les bénéfices en termes de conservation mondiale seront inestimables.»''
Article dans: notre planete.info