''Des boulettes de pétrole viennent régulièrement souiller les plages, mangroves et aquacultures du Vietnam depuis trois mois, mais pour le gouvernement, la source de cette pollution reste un mystère.
Depuis fin janvier, soldats et volontaires ont été mobilisés pour nettoyer les plages du Vietnam, sur lesquelles le pétrole arrive par vagues successives, menaçant tourisme, vie maritime, pêche et autres élevages de crevettes et palourdes. Ils ont jusqu'ici déjà récolté quelque 1.600 tonnes de pétrole.
Dégazage de pétroliers, fuite sur une plate-forme ? Les responsables vietnamiens s'interrogent toujours, même si le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, a d'ores et déjà exclu qu'une plate-forme vietnamienne puisse être en cause.
Les boulettes noires ont d'abord fait leur apparition sur le site de "China Beach", l'une des plages les plus prisées au centre du pays, où venaient se reposer les soldats américains pendant la guerre.
Au début, beaucoup n'y ont vu qu'une petite marée noire comme il en arrive de temps en temps depuis une dizaine d'année dans la région. Mais très vite, alors que le pétrole s'est répandu sur quelque 800 kilomètres de côtes, les responsables ont réalisé que, cette année, le phénomène était plus sérieux.
Depuis, l'extrême sud du pays, la péninsule de Ca Mau et l'île de Con Dao, une réserve naturelle connue pour ses tortues, a aussi été touché, des volontaires y retirant quelque 40 tonnes de pétrole mi-mars. Cette semaine, c'est le site de Nha Trang, considérée comme la plus belle plage du pays au sud-est, qui a été à son tour affecté.
Le gouvernement n'a fait aucune évaluation de l'impact économique de cette pollution.
Mais dans la province de Ben Tre, dans le delta du Mékong au sud, les éleveurs de palourdes ont immédiatement souffert "des conséquences de la catastrophe", affirme Keith Symington, coordinateur du programme régional maritime du Fonds mondial pour la nature (WWF).
Les élevages, qui essaient d'obtenir un label écologique, "sont maintenant dévastés, sur le plan économique mais aussi environnemental", poursuit-il.
Des experts vietnamiens ont avancé l'idée que le pétrole ait pu s'échapper par des failles naturelles, ou qu'il provienne d'une source chinoise et qu'il ait dérivé sur les côtes vietnamiennes avec les courants marins.
Cette semaine, le ministère vietnamien de l'Environnement a appelé le Japon à la rescousse pour l'aider à percer à jour le mystère. Car l'entreprise va nécessiter l'utilisation de technologies satellitaires dont le Vietnam manque.
Mais à l'avenir, le pays va devoir améliorer sa capacité à détecter, répondre et prévenir les marées noires, estime Keith Symington.
"Le trafic international croissant et l'activité pétrolière maritime en pleine expansion au Vietnam conduisent à la même conclusion", relève-t-il.
"Davantage d'efforts sont nécessaires pour assurer la protection de l'environnement maritime vietnamien et des ressources des millions de personnes dont la vie dépend d'océans propres".''
Source: Métro-France