Depuis des décennies, une des questions récurrentes sur le pétrole est celle de la date du pic de production, plus connue sous le terme anglo-saxon de « peak oil (1)».
D’après la dernière publication de l’institut Energy Watch Group (2), présentée lundi dernier, il n’est plus nécessaire de spéculer sur une date future, le pic de production aurait été atteint en 2006.
L’étude se fonde, en grande partie, sur une analyse détaillée de l’estimation des réserves de l’ensemble des pays producteurs de pétrole ainsi que sur l’état de la production des principaux gisements.
Au niveau des réserves, les chiffres publiés présentent un grand décalage avec ceux mis en avant par les industriels et par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE): Ainsi, alors qu’ « officiellement » la fourchette des réserves mondiale se situe entre 1 200 et 1 300 milliards de barils, l’EWG conclu sur une valeur de 854 milliards de barils.
Cette différence étant essentiellement liée aux réserves des pays de l’OPEP (3), avec une dépréciation de 315 milliards de barils rien que pour la zone du Moyen-Orient.
Concernant la situation des gisements, l’EWG met en avant le fait qu’une grande majorité de puits importants ont atteint leur pic de production et que la mise en exploitation de puits plus réduits compense de plus en plus laborieusement leur déficit.
La première conclusion que tire l’EWG, de cette double analyse, est que les 81 millions de barils de pétrole produits en moyenne chaque jour en 2006 constituent le pic historique de la production mondiale.
La deuxième conclusion étant que le début de la décroissance est imminent et devrait très vite se traduire par une diminution globale de la production de 3 % par an.
Dans son rapport, l’EWG donne le comparatif entre ses projections de production à moyen terme et celles de l’AIE :
- En 2020 : 58 Millions de barils par jour pour l’EWG et 105 pour l’AIE.
- En 2030 : 39 Millions de barils par jour pour l’EWG et 116 pour l’AIE.
Hasard ou prémisses d’une crise énergétique majeure, le rapport de l’EWG est rendu public alors que le cours du pétrole ne cesse de battre des records.
Si cette étude voit juste, la baisse de la production va survenir bien plus tôt que prévue et impacter fortement sur une économie mondiale dont le « moteur » consomme, chaque année, toujours plus d’or noir.
L’EWG termine son rapport par un commentaire très sévère sur l’AIE ; considérant que l’Agence envoie des «signaux erronés aux responsables politiques, aux industriels, aux consommateurs, sans oublier les médias ».
1- Le « peak oil » désigne le moment où la production pétrolière atteint son maximum. Le terme est employé aussi bien pour un gisement que pour un pays ou que pour l’ensemble de la production mondiale. Pour un gisement, le « peak oil » est généralement suivi d’une courte période de stabilisation, puis la phase de déclin s’enclenche d’une façon irrémédiable et a tendance à s’accélérer avec le temps.
2- Energy Watch Group (EWG) : Initié par Hans-Josef Fell, parlementaire Allemand, regroupe en réseau des spécialistes des resources énergétiques. Avant cette étude sur le pétrole, l’EWG avait présenté deux rapports : un sur l’énergie nucléaire et un autre sur le charbon. Pour en savoir plus (en allemand et anglais).
3- OPEP : L’organisation des pays exportateurs de pétrole a été créée en 1960 afin de coordonner les politiques de ses Etats membres pour leur assurer une stabilité des prix pétroliers. Elle se compose de : l’Iran, l’Irak, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Venezuela, l’Angola, l’Algérie, le Nigeria, l’Indonésie, la Libye, le Qatar et les Emirats Arabes Unis. En 2006 l’OPEP représentait « officiellement » 75 % des réserves mondiales déclarées de pétrole et 43 % de la production.
source : Univers-Nature