Il n'aura suffi que de quelques capsules de colorant végétal au Journal de Montréal pour prouver que les bateaux de croisière du Vieux-Port déversent leurs eaux de toilettes directement dans le fleuve.
Les rejets humains de centaines de milliers de passagers qui montent à bord d'un des nombreux bateaux de croisière du Vieux-Port chaque été se retrouvent dans les eaux du fleuve.
« Inacceptable et choquant »
Les croisiéristes jettent le blâme sur le Vieux-Port
Le Journal de Montréal a facilement pu le démontrer à bord du Bateau-Mouche en déposant dans les toilettes des capsules de rodomine, un colorant rouge.
La preuve est apparue quelques secondes plus tard sous les yeux du photographe qui suivait à bord d'une deuxième embarcation: à l'arrière du Bateau-Mouche, l'eau a pris une couleur rosâtre.
C'est légal
«On ne tolérerait jamais que les eaux sanitaires résidentielles se retrouvent directement dans le fleuve», déplore Daniel Green, l'instigateur du programme RIVE pour la sauvegarde des cours d'eau.
«Alors, pourquoi laissons-nous des blocs appartements flottants déverser directement dans les eaux les déjections de milliers de personnes?»
Cette pratique est pourtant tout à fait légale pour l'instant.
En effet, Transports Canada vient tout juste d'adopter une réglementation qui obligera les bâtiments marins à se doter d'un réservoir de retenue ou d'un appareil d'épuration pour le traitement des eaux usées.
Mais rien ne semble presser puisque les croisiéristes ont cinq ans, en date du 16 mai 2007, pour s'y conformer.
Les croisiéristes avouent sans gêne
Interrogés à la suite de cette enquête, les croisiéristes n'ont pas tenté de nier l'évidence, rappelant qu'ils étaient conformes à la réglementation canadienne.
«Nous faisons comme tous les bateaux de croisière, confirme Pierre Adam, propriétaire du Bateau-Mouche. Les eaux noires [excréments] et grises [urine et eau de vaisselle] passent par un tuyau qui va directement dans le fleuve.»
Chez Croisière Évasion, qui gère le bateau Famille Dufour II, le propriétaire Marc Dufresne affirme être déjà équipé d'une fosse de rétention, mais avoue ne pas l'utiliser puisqu'il n'y est pas obligé.
Du côté de Croisières AML, on dit analyser la situation avec des architectes en vue de se munir d'une citerne de rétention.
Le phénomène est dénoncé par les habitués du fleuve et propriétaires de bateau de plaisance, qui eux, à titre de particuliers, font des efforts considérables pour pomper leurs eaux usées.
Le Bateau-Mouche embarque quelque 60 000 passagers et Croisières AML, de 60 000 à 100 000 par saison dans le Vieux- Port.
Article pris sur Canoe.Ca
Source: Le journal de Montréal