La CITES condamne la Chine pour tenter de lever l’interdiction du commerce des tigres
Une conférence sur la vie sauvage tenue par les Nations Unies a reproché à la Chine mercredi d’avoir revu une interdiction de 1993 sur le commerce intérieur de parties du corps de tigres, même si les experts craignent que les ventes pourraient mener à une extinction des tigres. L’une des plus grandes menaces pesant sur la survie des tigres dans la nature vient d’être écartée.
En effet, les Parties à la CITES (Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore menacées d'extinction) ont adopté une décision interdisant l’élevage en captivité des tigres pour le commerce de leurs organes et autres produits dérivés. « Les tigres ne devraient pas être élevés pour le commerce de parties de leur corps ou de dérivés » d’après une décision des 171 nations des Nations Unies lors de la Conférence sur le Commerce International des Espèces menacées (CITES) à la Hague.
Les officiels chinois ont déclaré à la CITES la semaine dernière que la Chine envisageait d’autoriser le commerce intérieur d’une partie de ces 5000 tigres élevés en captivité, si une analyse scientifique prouvait que cela réduirait le braconnage et aiderait les stocks de tigres sauvages dans le monde. Mais beaucoup de nations, parmi lesquelles l’Inde, la Russie, le Népal, le Boutan et les Etats-Unis, ont déclaré que toute vente intérieure sur le marché chinois ne ferait qu’encourager les braconniers attraper et à tuer les tigres qui restent à l’état sauvage en Asie.
On estime que le nombre de tigres dans la nature est passé de 100000 au début du 20ème siècle à 5000 à cause de la chasse et de la destruction progressive de leur environnement. Les tigres sont prisés pour leur fourrure et les parties de leur corps qui sont utilisées dans la médecine traditionnelle.
La décision de la CITES a été adoptée par consensus même si la Chine s’y est fortement opposée, d’après les délégués. Pékin a affirmé que ses centres d’élevages soutiennent la protection des tigres sauvages. Mais on sait qu’il ne reste qu’une trentaine de tigres à l’état sauvage en Chine. La décision de la CITES mentionne aussi le fait que les pays avec « des opérations intensives d’élevage » devraient limiter leurs nombres à un « niveau qui aide à protéger les tigres sauvages ». La Chine n’a pas encore ré-introduit avec succès dans la nature les tigres d’élevage.
John Cellar, membre de la CITES était sceptique après avoir visité un centre d’élevage en Chine cette année. « Le potentiel pour chacun de ces tigres d’être utilisé pour des objectifs de protection semble être très limité, et je me demande même s’il existe » a t-il déclaré. Il a demandé aux nations d’agir en faveur des tigres, qui selon lui, sont très proches de l’extinction. La CITES a interdit le commerce international des comme c’est le cas en Chine.
Beaucoup de nations soupçonnent les éleveurs d’avoir élevé des milliers de tigres dans des cages en pariant que Pékin permettrait les ventes intérieures.
Avant cela, la Chine avait essayé de rassurer les délégués en affirmant que l’évaluation scientifique serait transparente et ouverte et que la Chine ne se précipiterait pas pour lever l’interdiction. Pour Grace Gabriel, Directrice IFAW pour l'Asie (Fonds international pour la protection des animaux), elle ne peut qu’exprimer sa joie : "Nous sommes extrêmement heureux que les états concernés se soient élevés au nom des tigres qui vivent en liberté sur leur territoire. Autoriser leur élevage dans un but commercial aurait été un ultime coup dur pour cette espèce emblématique."
En Chine, de prétendus "parcs" se livrent à l'élevage commercial des tigres en captivité dans l'espoir qu'un jour, l'embargo national sur la vente de parties et produits dérivés sera levé. Ces élevages produisent des tigres en masse pour mettre leurs os à fermenter afin de créer une " boisson tonique pour la consolidation des os". La viande de tigre figurait encore récemment au menu de la cafétéria. Pendant ce temps, les propriétaires de ces élevages se livrent à un travail de lobbying auprès du gouvernement afin de reprendre le commerce des tigres tout en se plaignant du fardeau financier que représente l’entretien de ces animaux.
Selon les rapports publiés dans les médias, et d'après le propre compte rendu de mission du Secrétariat de la CITES, l'élevage "industriel" des tigres est le résultat de mauvaises décisions commerciales. Selon le propriétaire d'un élevage, cité dans le rapport de mission, la décision d'élever des tigres dans un but commercial après l'interdiction du commerce instaurée en 1993 était "une stratégie commerciale spéculative dans l'espoir que l'interdiction serait temporaire".
IFAW pense qu'autoriser toute utilisation commerciale de cette espèce extrêmement menacée crée des incitations économiques qui pousseront les braconniers à tuer les tigres dans la nature. L'élevage d'un tigre en captivité nécessite par exemple un investissement financier 250 fois supérieur au maigre salaire réclamé pour abattre d'une seule balle un tigre et le transporter jusqu'au marché.
Dans l'extrême Est de la Russie, six jeunes tigres ont récemment perdu leur mère et quatre d’entre eux sont maintenant dans un centre de réhabilitation parrainé par IFAW. En Inde, 36 autres ont été braconnés au cours de l'année dernière. La délégation américaine a pris la tête du soutien aux états de l'aire de répartition des tigres. Aujourd'hui, les Parties à la CITES ont donc fait savoir qu'elles ne toléreront pas cette situation et ont refusé une nouvelle fois l'autorisation de l'élevage des tigres pour leurs organes et produits dérivés.
Source : News Environnement
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