''DE DELHI
En Inde, le braconnage va devenir mortellement risqué : des centaines de crocodiles d’élevage vont être lâchés dans la jungle pour patrouiller. Les 400 premiers sont déjà à l’œuvre dans les mangroves de l’est du pays afin d’empêcher les coupes illégales de bois et d’ôter aux braconniers toute envie de chasser le tigre royal du Bengale.
En 2004, on recensait 270 tigres dans les forêts du Bengale occidental. Il en reste aujourd’hui moins de la moitié. Désespérant de parvenir à décourager le braconnage, les autorités ont opté pour des mesures extrêmes. Le crocodile local, avec ses 68 dents, peut vivre un siècle et mesurer jusqu’à 7 mètres, pour un poids de 1,2 tonne. C’est l’espèce la plus grosse et la plus dangereuse. Il est aussi à l’aise dans l’eau, douce ou salée, que sur la terre ferme. La force de ses mâchoires est telle qu’il peut briser le crâne d’un buffle.
Capable d’attaquer une embarcation et d’en attraper les passagers pour les entraîner sous l’eau, il peut aussi monter la garde sur une rive et courser ses futures victimes. Il tue près de 2 000 personnes par an. L’année 1945 fut particulièrement faste pour ces reptiles, avec le débarquement des alliés sur l’île de Ramree, près de la Birmanie, qui repoussa vers les mangroves un millier de soldats japonais, dont seule une petite vingtaine échappa aux crocodiles.
L’hiver, ils aiment se chauffer au soleil sur les sentiers que les braconniers aménagent le long des points d’eau. Mais eux aussi sont des proies attirantes. La qualité supérieure de leur cuir a fait chuter leur population à une centaine d’individus dans les années 1970, alors qu’ils avaient été une dizaine de milliers à hanter le Bengale et l’Orissa. Un programme national a permis de les multiplier en captivité dans le Parc national de Bhitarkanika [dans l’Etat d’Orissa]. C’est là que le plus grand crocodile du monde (7 mètres de long, entré l’an dernier au Guinness Book) a été élevé. Ils sont environ un millier en liberté à ce jour, sans compter les 400 relâchés pour la bonne cause. ''
Source: Courrier International