Le Soleil!
Jeudi le 27 septembre 2007!!
En allant de l’avant avec un programme de conversion, Québec croit pouvoir réduire de 500 000 tonnes par an les émissions de gaz à effet de serre, et ainsi annuler l’impact des deux ports méthaniers projetés,
Québec entend couper court aux arguments des opposants à Rabaska en mettant de l’avant un programme de conversion du mazout aux énergies plus vertes qui visera une réduction de 500 000 tonnes par an des émissions de gaz à effet de serre, soit de quoi annuler l’impact des deux ports méthaniers projetés, à Lévis et à Cacouna.
Selon ce qu’a appris Le Soleil, le gouvernement Charest entend consacrer 25 millions $ à ce programme, qui ciblera notamment les papetières, responsables de l’émission de 400 000 tonnes de carbone par an en raison de leur usage du mazout.
Québec veut notamment démontrer qu’un feu vert à Rabaska ne compromettra pas les engagements de son plan de lutte contre les changements climatiques.
Emboîtant le pas à des villes comme New York, Toronto et Montréal, le gouvernement imposera aux utilisateurs de mazout que sa teneur en soufre ne dépasse pas 1 %. La réglementation sera une incitation à la conversion parce que le mazout à 1 % de soufre coûte plus cher. Elle ne s’appliquera toutefois dans toute sa rigueur que là où d’autres technologies existent, pour ne pas pénaliser des régions comme la Côte-Nord où le gaz naturel n’est pas disponible. Les entreprises pourront recourir à la cogénération et à la biomasse.
Par ailleurs, le volet « accompagnement » du programme sera doté de 25 millions $ et aidera industries, institutions et municipalités à passer aux énergies plus vertes.
Le programme vise à réduire les émissions de GES de 500 000 tonnes d’ici 2012. On plaide à Québec que les émissions estimées des futurs terminaux méthaniers seront d’environ 140 000 tonnes par an par terminal — évaluation contestée par certains environnementalistes. « Ce plan va permettre au gouvernement de rencontrer les objectifs du plan de lutte aux changements climatiques, même avec les ports méthaniers », note une source informée. C’est dans l’enveloppe de 200 millions $ de ce plan de lutte que Québec entend tirer les 25 millions $ du programme de conversion. Le ministre Claude Béchard profite donc de son passage aux Ressources naturelles pour concrétiser, avec ce nouveau programme, un des engagements qu’il avait pris lui-même en accouchant du plan de lutte contre les changements climatiques alors qu’il était à l’Environnement. À la sortie du Conseil des ministres, hier, M. Béchard s’est dit favorable à la conversion. « Notre stratégie énergétique dit qu’on veut avoir un meilleur portefeuille énergétique, plus diversifié, alors ça amène un certain nombre de décisions qu’on devra prendre. Mais en même temps, dans le dossier Rabaska, je suis très sensible aux arguments amenés par les environnementalistes, qui disent qu’il faudrait avoir aussi un programme de reconversion du mazout vers des sources énergétiques plus vertes, plus propres. On travaille déjà là-dessus et on va continuer.»
Après avoir multiplié les signaux indiquant qu’il s’apprêtait à donner le feu vert à Rabaska, le gouvernement Charest a fait durer le suspense hier. Tant du côté du ministre Béchard que de celui de la ministre de l’Environnement, Line Beauchamp, on a fait savoir qu’il restait du travail à faire avant une décision finale, qui apparaît toutefois imminente. « Ça suit son cours normal, a insisté Jean Charest. Je vous rappelle que le promoteur, ce n’est pas le gouvernement du Québec, c’est un promoteur privé. Nous, on a des étapes à suivre et à respecter et on les suit.