30/10/2007
La Presse!
Gazéification: se chauffer aux ordures!
Contrairement à l'incinération, la gazéification produit un gaz de synthèse, plutôt qu'un gaz carbonique, qui peut servir à éclairer le salon ou chauffer la chambre.
Habitués de jeter leurs déchets dans un grand trou, les hommes ont oublié qu'ils pouvaient leur donner une seconde vie. Pourtant, les vulgaires ordures domestiques peuvent aujourd'hui servir à éclairer le salon, chauffer la maison et alimenter la cuisinière...
Encore peu connue ici, la gazéification est une technologie qui gagne en popularité outre-Atlantique précisément parce qu'elle permet de réduire à zéro l'enfouissement des déchets, un procédé qui peine de plus en plus à rencontrer l'assentiment des populations occidentales.
Développée en Europe au courant des années 90 et appliquée à grande échelle au Japon, la gazéification permet de transformer en gaz tous les déchets domestiques, quels qu'ils soient.
«Tout le plastique, tout le carbone est ainsi gazéifié sous forme de gaz et d'hydrogène, explique Jacques J. Trottier de SNC-Lavalin. Tout ce qu'on retrouve au bout de l'usine est un gazoduc qui permet de vendre du gaz comme le fait Gaz Métro, par exemple.»
L'immense avantage de cette technologie par rapport à l'enfouissement, c'est qu'elle est tout à fait propre: elle n'émet aucun gaz à effet de serre, ne produit pas d'eaux usées, de lixiviat (le jus de poubelle qui s'échappe des dépotoirs) ou de résidus destinés à l'enfouissement.
Seuls deux «déchets» sont produits, en fait, du métal et des minéraux fondus. Mais aucun de ces matériaux n'est enfoui car tous deux peuvent être complètement réutilisés sous une forme ou une autre.
Seul problème: ce procédé coûte très cher. D'abord parce qu'il n'est pas encore très répandu, ensuite parce qu'il s'agit d'une technologie complexe.
«Si la tendance dans l'évolution des technologies va dans le sens d'une plus grande performance technique et d'une meilleure protection de l'environnement, elle va également souvent dans le sens d'une augmentation des coûts», note SNC.
Deux éléments principaux distinguent la gazéification de l'incinération. La carence d'oxygène dans le procédé thermique, d'abord, qui produit un gaz de synthèse plutôt que du gaz carbonique. La température à laquelle se produit la transformation, ensuite, qui est deux fois plus élevée lors de la gazéification, soit 2000 degrés Celsius comparativement à 1000 degrés pour l'incinération.
Le procédé consiste en fait à chauffer de la matière carbonée dans une chambre sous-oxygénée, de sorte que le carbone se consume seulement partiellement et produit du monoxyde de carbone et de l'hydrogène plutôt que du bioxyde de carbone et de la vapeur d'eau. Le mélange de gaz résultant, appelé gaz de synthèse, peut ensuite être brûlé pour produire de l'énergie.