Un projet FAO, cité par la BBC, réduit l'impact des pêches de crevettes sur l'environnement. La crevette est le crustacé le plus recherché du monde avec quelque 3,5 millions de tonnes de crevettes prélevés de la mer chaque année, et 2,4 autres millions élevés dans des fermes aquacoles. Les crevettes constituent une mine d'or pour les pays pauvres qui fournissent les marchés du Nord où les consommateurs en sont friands, mais aussi un impact sur l‘environnement et la biodiversité.
Les pays en développement fournissent 90 % environ des crevettes consommées dans les pays riches, pour une valeur de 8 milliards de dollars par an. Des centaines de milliers d'habitants du monde en développement dépendent de la pêche aux crevettes pour vivre. Mais celle-ci est aussi une des pêches au plus haut taux de gaspillage du monde, et l'impact sur l'environnement est considérable. Sur certains sites, pour chaque kilo de crevettes capturées par les pêcheurs, on compte jusqu'à 20 kilos de prises accidentelles d'animaux marins qui sont rejetés pour mourir dans la mer, comme les tortues (Cf. Photo).
D'une façon générale, 8 % de toutes les prises, un peu plus de 7 millions de tonnes, sont ainsi rejetés à la mer chaque année, estime la FAO. Sur ce total, les pêches des chaluts à crevettes en eaux tropicales ont le taux le plus élevé de "rejets", soit 27 % ou 1,8 million de tonnes.
Les rejets des "prises accessoires", qui ne sont pas seulement du gaspillage mais peuvent avoir des impacts sur l'environnement plus vastes sur certains stocks ichtyques ainsi que sur des écosystèmes entiers, constituent une question préoccupante pour la FAO depuis des années.
« La capture des juvéniles de poissons de valeur avant qu'ils puissent se reproduire constitue une menace pour le bien-être des populations de pêcheurs, tandis que l'élimination à grande échelle de poissons non ciblés est un péril pour la biodiversité marine et l'environnement, ce qui a des répercussions sur la productivité d'une pêcherie », explique Jeremy Turner, expert au Département des pêches de la FAO.
En 2002, la FAO s'est alliée au Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et au Fonds pour l'environnement mondial (FEM) pour lancer un projet quinquennal de 9 millions de dollars visant à réduire les prises accessoires dans les pêcheries crevettières.
Ainsi, la FAO fournit aux crevettiers des chaluts et des engins modifiés et organise des ateliers avec les pêcheurs et les propriétaires de bateaux pour discuter de leur utilisation la plus appropriée, ainsi que des modifications à apporter dans les techniques de pêche. « On a déjà obtenu des résultats impressionnants, avec un recul des captures accessoires de 50 % dans certains cas », fait remarquer M. Turner. Cela préserve l'environnement en favorisant non seulement les écosystèmes locaux et les populations ichtyques, rendant les lieux de pêche plus productifs, mais cela permet aussi aux petits pêcheurs de ne plus perdre autant de temps à trier et à transformer leurs prises.
En Asie, toutefois, la situation est plus compliquée. Là, les pêcheurs, qui gagnent parfois aussi peu qu'un dollar par jour, souvent ne rejettent pas les prises accessoires. Les propriétaires des bateaux laissent leur équipage les vendre aux industries de transformation pour satisfaire la demande de consommation humaine et animale (aquaculture). « Cela représente une source importante de revenus pour eux », explique M. Turner, « aussi ne suffit-il pas de leur fournir de nouvelles technologies ».
« Nous tenions beaucoup à renforcer la sensibilisation sur la manière dont ces nouvelles technologies de chalutage peuvent protéger l'environnement marin et améliorer la productivité des pêches », ajoutera M. Turner. « Mais, en dépit de ces succès », prévient M. Turner, « les niveaux élevés de prises accessoires et les causes qui en sont à l'origine demeurent une grave préoccupation. Il y a encore beaucoup à faire et les nouvelles technologies ne sont qu'un élément de la solution et certes pas une baguette magique ».
Source : Actualités Environnement