Le changement climatique se traduira par des sécheresses accrues, inondations, cyclones et par une montée du niveau des mers, causant la fuite de millions de "réfugiés du climat" d'ici quelques décennies, selon les experts.
Inuit menacés par la fonte du Groenland, populations d'Afrique centrale confrontées au désastre écologique affectant le bassin du Lac Tchad, milliers de victimes de l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans : Le problème des réfugiés environnementaux promet de devenir une des pires crises humanitaires.
Déjà en 2000, selon une étude de la Croix rouge et du Croissant rouge, le nombre de réfugiés environnementaux était au moins équivalent à celui des réfugiés de guerre, soit environ 25 millions.
Un chiffre qui pourrait doubler d'ici 2010 et atteindre jusqu'à 200 millions de réfugiés d'ici la fin du siècle, avec l'accélération du réchauffement climatique, indique le professeur Myers, se référant au rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec) de 2001.
Pour Tuvalu dans le sud de l'Océan Pacifique, ou les Maldives, dans l'océan indien, le scénario d'une augmentation de température globale de 3 degrés ou plus (pour une concentration en CO2 double de l'ère pré-industrielle, hypothèse probable d'ici la fin du siècle) évoqué lors de la conférence sur le climat à Paris cette semaine, pose une triple menace.
A court terme, le réchauffement des océans provoquerait la mort des coraux, dont dépendent les insulaires pour attirer les poissons mais également les touristes.
La diminution des pluies affecterait les ressources en eau potable. Et l'élévation du niveau de la mer de 28 à 43 centimètres d'ici la fin du siècle, selon les scénarios, submergerait ces îles.
Au Bangladesh, la montée des eaux dévasterait des plaines fertiles très peuplées, emportant les habitations de dizaines de millions de gens et amplifiant dramatiquement la saison des cyclones qui balaye régulièrement le pays.
La définition de "réfugié du climat" embarrasse les scientifiques et les politiques. Mais, pour celui qui fuit la pauvreté, pour ceux qui doivent partir à cause de la sécheresse, qui peut également avoir pour origine un conflit, on ne peut pas dire que c'est uniquement dû au changement climatique.
Il n'y a pas de reconnaissance légale des gens déplacés pour des raisons environnementales et pas non plus de traité international pour les protéger.
Pour le professeur Downing, principal contributeur de la partie concernant les migrations du 2e volet du rapport du Giec attendu en avril sur l'impact du changement climatique, les scientifiques comme les politiques ont tendance à expédier la question.
Les réfugiés environnementaux ou climatiques ne sont pas identifiés comme une des questions-clés du rapport d'avril, comme le sont le développement durable ou la pauvreté. Le Giec doit évaluer les risques majeurs, et les réfugiés en font partie, dans la mesure où celà affectera la stabilité mondiale.
Source : AFP