Les Australiens travaillent depuis quelques années sur la réduction des pets et rots des ruminants, à l’origine d’importantes émissions de méthane, un gaz à effet de serre 23 fois plus actif pour le réchauffement de la planète que le CO2.
Après la piste d’un vaccin contre les bactéries intestinales à l’origine de cette production de méthane chez les ruminants, des scientifiques tentent dorénavant d’isoler des bactéries, propres aux kangourous, qui éviteraient à ces animaux d’émettre du méthane et favoriseraient également une meilleure assimilation des aliments (environ 10 à 15 %). En effet, la digestion des kangourous ne produit presque pas de méthane à cause de la présence de bactéries acétogènes sources de gaz acides sans risque pour l’effet de serre et donc le changement climatique.
L’enjeu est de taille, puisque selon Athol Klieve, un des chercheurs les plus en pointe sur ce sujet, les flatulences des ruminants seraient à l’origine de 14 % des gaz à effet de serre émis par l’Australie. Par ailleurs, la consommation de viande étant en forte augmentation, avec la demande croissante de pays en développement comme la Chine, une réduction des 2/3 des émissions de méthane du secteur de l’élevage planétaire pourrait avoir un effet non neutre dans la lutte contre le changement climatique, dès lors que les autres émissions ne sont pas démultipliées.
Mais pour le moment, le chemin à parcourir par les scientifiques est encore long, l’isolement d’un certain nombre de bactéries acétogènes chez le kangourou devrait prendre encore 3 ans. Cette étape franchie, une nouvelle phase de recherche s’ouvrira, avec l’élaboration d’une technique pour la transplanter dans le tube digestif des vaches et des moutons. Ce n’est qu’à ce moment que nous saurons si ces bactéries peuvent y vivre, s’y reproduire et, au final, réussir à s’imposer aux micro-organismes méthanogènes…
Mis à part le réchauffement planétaire, rappelons que le développement de la consommation de viande au niveau mondial posera plus ou moins rapidement le problème de la ressource alimentaire, chaque protéine animale en nécessitant plusieurs d’origine végétale (1) pour être produite, soit davantage de surface cultivable, d’eau et d’énergie.
1- Par exemple, il faut 5 kg de protéines végétales pour obtenir 1 kg de protéines de poulet, ou encore 7 kg de protéines végétales sont pour obtenir 1 kg de protéines de porc.
source :Univers-Nature