«Le pôle Nord fond : les Pays-Bas seront inondés», titrait récemment le quotidien De Telegraaf. L'université de Delft, de son côté, a avancé le chiffre de 71 800 morts éventuels si les digues érigées contre la mer venaient à se rompre sous l'effet d'une tempête.
Après un été caniculaire, cet automne a été le plus chaud depuis trois siècles. Et, si l'on en croit l'étude publiée la semaine dernière dans le magazine Science, selon laquelle le réchauffement entraînerait une hausse du niveau de la mer plus rapide que prévu, les Pays-Bas n'ont pas fini de s'inquiéter.
Le dernier grand programme de renforcement des digues, érigées sur 5 585 km le long des côtes du Rhin et de la Meuse, vient d'être bouclé. Mais le gouvernement a estimé urgent, fin octobre, de tout revoir en cas de catastrophe. Un comité spécial a été chargé d'anticiper sur des mesures d'évacuation à grande échelle. «Entre la montée du niveau de la mer et les pluies qui grossiront le lit des fleuves, nous aurons tant d'eau dans les prochaines années que l'élévation des digues ne suffira pas», note-t-on au ministère de l'Eau et des Transports. Les points faibles des digues côtières doivent encore être renforcés entre 2007 et 2020, et des canaux latéraux restent à creuser pour écouler l'eau des fleuves en crue en cas de fortes intempéries.
L'inondation de La Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis en septembre 2005, après la rupture des digues provoquée par le cyclone Katrina, a renforcé le sentiment de danger aux Pays-Bas. Dans un pays où 60 % des terres se trouvent à une moyenne de 3,5 mètres en dessous du niveau de la mer, la population vit avec l'idée que les polders, un jour, seront engloutis.
La dernière catastrophe remonte à 1953. Les inondations provoquées par une tempête en mer du Nord avaient fait 1 800 morts et d'importants dégâts matériels. Le vaste plan Delta avait ensuite été mis en oeuvre, passant notamment par la construction d'une digue de 50 km qui, à partir d'un bras de mer, créa le lac d'Ijsselmeer. En janvier 1995, de violents orages avaient provoqué la crue de la Meuse et nécessité l'évacuation de 200 000 habitants.
Des chercheurs de l'Université libre d'Amsterdam, rappelle une caractéristique locale qui vient renforcer la menace due à la hausse du niveau des océans. Ainsi, le danger pour les Pays-Bas , vient plutôt de la combinaison entre la montée lente du niveau de la mer et l'affaissement des terres. Le pompage continu de l'eau dans les polders fait que les terres s'enfoncent, elles pourraient s'affaisser de 30 à 40 cm au cours des cinquante prochaines années. Ce double phénomène aboutira à une montée de 1 mètre du niveau de la mer d'ici à cent ans. Si les mesures nécessaires sont prises à temps, il sera possible d'éviter l'inondation généralisée... à moins qu'une violente tempête se déchaîne en mer du Nord. C'est bien ce risque, même ténu, qui pousse aujourd'hui La Haye à anticiper.
Source : Cat Nat