L'objectif du projet de recherche baptisé Atlantis, dont les résultats ont été récemment publiés, était d'essayer d'anticiper et de comprendre les réactions de la société à une élévation importante (5-6 mètres) et brutale (sur un siècle) du niveau des océans, provoquée par le réchauffement de la planète. Utiliser un scénario catastrophe correspond à un choix méthodologique visant à permettre aux acteurs locaux de se projeter dans un avenir par nature incertain. Il s'agit d'intégrer l'importante incertitude concernant la situation future, tout en assurant un certain réalisme de l'image proposée.
Selon le ministère de l'écologie, face aux incertitudes scientifiques, politiques et sociétales actuelles concernant les conséquences du réchauffement de la planète, la recherche de stratégies possibles de réponse est justifiée. Or, les décideurs doivent, dans des situations hautement incertaines, non seulement gérer une menace potentielle pour un espace vital, mais également justifier leurs choix et décisions alors qu'ils ne savent pas... L'utilisation d'un scénario catastrophe peut permettre aux acteurs locaux de se projeter dans l'avenir, d'explorer les différentes options possibles et de prendre des décisions.
L'objectif du projet Atlantis était de considérer un événement hypothétique mais plausible, d'une faible probabilité mais aux conséquences très importantes : l'effondrement d'une énorme plate-forme de glace qui repose actuellement en Antarctique, entraînant une élévation de 5 à 6 mètres du niveau des océans. L'originalité de la recherche était d'essayer de comprendre les réponses de la société à un tel changement, de se focaliser sur le problème de l'adaptation des populations.
L'Iceshelf Antarctique Ouest par exemple, comprend à peu près 10 % du volume de la calotte glaciaire Antarctique. S'il se détachait de la terre et glissait dans l'océan, cet énorme volume de glace provoquerait une hausse additionnelle du niveau des mers de 5 à 6 mètres. À échéance de 2100, et indépendamment du scénario décrit ici, les scientifiques prévoient une élévation d'un mètre du niveau des océans à cause du réchauffement de la planète. Il ne serait pas nécessaire que la glace fonde pour que le niveau des océans augmente, le simple déplacement de ce gigantesque volume suffirait.
C'est le risque d'« effondrement » de cette plate-forme, provoqué par le réchauffement global de la planète, qui était l'objet de la recherche. Ce risque a été soulevé dès le milieu des années 1970 mais il fait encore l'objet d'âpres discussions au sein de la communauté scientifique. Les débats portent aussi bien sur son existence même que sur l'échelle de temps et l'amplitude de ses conséquences.