En achetant aujourd’hui des fraises espagnoles - en vente depuis la mi janvier et ce jusqu’en avril - sur les étals des grandes et moyennes surfaces, vous cautionnez la destruction du milieu naturel ibérique car l’impact de ces cultures sur l’environnement est catastrophique. Tel est le message qu’adresse le WWF aux consommateurs et aux distributeurs pour les responsabiliser dans leur acte et leur politique d’achat.
C’est autour du Parc de National de Doñana, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, que 95 % des fraises espagnoles sont produites, sur une surface de 5 000 hectares. Avec une biodiversité exceptionnelle, cette zone humide de 100 000 ha, haut-lieu des migrations d’oiseaux, accueille la dernière population de lynx (20 individus). Or, depuis les années 80, les sites de production se multiplient de façon anarchique et pèsent lourdement sur l’environnement : utilisation massive de produits chimiques pour la préparation du sol, cultures sur sable et sous plastique, consommation massive d’eau pour l’irrigation, occupation des sols en toute illégalité… La liste est longue des atteintes à l’environnement !
En effet, on estime que 40 % des surfaces sont cultivées illégalement et que plus d’une centaine d’hectares empiètent sur des espaces protégés. Les cultures de fraises largement irriguées par des forages, dont 50 % sont non déclarés, ont réduit de moitié les apports d’eau douce dans le marais alimenté par la rivière La Rocina et assèchent l’une des zones humides les plus remarquables de l’Union européenne. A terme, c’est la pérennité même de cette production qui pourrait être remise en question.
Cette production très polluante engendre 4 500 tonnes de résidus de plastiques par an et utilise encore aujourd’hui un pesticide interdit par l’UE (le Bromure de méthyl à hauteur de 180t/an).
Sur une production annuelle de 330 000 tonnes de fraises espagnoles (chiffre 2002), plus de la moitié est destiné au marché de l’exportation (185 000 tonnes). La France, qui en importe 42 000 tonnes par an, se place au deuxième rang des importateurs de fraises espagnoles, derrière l’Allemagne.
Pour Cyrille Deshayes responsable Eaux Douces au WWF-France, « les grandes et moyennes surfaces doivent absolument s’approvisionner auprès de producteurs ayant une autorisation d’exploitation, des forages déclarés et engagés dans une démarche limitant les pesticides. C’est par la définition et l’application d’un cahier des charges de production rigoureux en matière d’impact environnemental que l’on pourra améliorer les pratiques de production localement. Des producteurs espagnols sont déjà engagés dans cette voie. C’est chez eux qu’il faut s’approvisionner ! ».
Enfin, le WWF rappelle que le meilleur moyen pour réduire son empreinte écologique c’est de consommer des produits de saison et de proximité
Source: Notre planète.info